Discours du sous-secrétaire Zeya pour la Conférence des ministres des affaires étrangères de l’OCI

Under Secretary Zeya at the OIC Council of Foreign Ministers

Le 16 mars 2023 

Nouakchott, Mauritanie 

As-Salaam-Alaikum.

Je vous remercie, Monsieur le Ministre des affaires étrangères Merzoug et Monsieur le Secrétaire général Taha, d’avoir accueilli tout le monde ici à Nouakchott avec une hospitalité si chaleureuse.

C’est la deuxième réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’OCI à laquelle j’assiste au nom des États-Unis.  Depuis lors, les États-Unis et l’OCI ont tenu leur premier dialogue stratégique en mai 2022.  Nous sommes impatients de tenir le prochain dialogue plus tard cette année à Djeddah, afin d’affirmer l’approfondissement des relations entre les États-Unis et l’OCI.  Je suis reconnaissante à notre représentant auprès de l’OCI à Djeddah, le Consul général des États-Unis à Djeddah Faris Asad, de veiller à ce que nous ayons un dialogue régulier et continu avec le Secrétariat de l’OCI.

Les États-Unis et les États membres de l’OCI ont beaucoup de choses en commun.  Nous partageons des liens économiques, sociaux, culturels et interpersonnels durables et abritons des communautés musulmanes prospères et diversifiées.  Nous partageons des valeurs de dignité humaine et de paix, la dignité qui émerge du respect des droits de l’homme fondamentaux, en particulier la liberté de religion ou de croyance.  Avec 57 États membres répartis sur plusieurs continents, l’OCI a un rôle essentiel à jouer dans toutes les questions mondiales les plus importantes.  Ensemble, nous pouvons travailler pour défendre les droits de l’homme, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation, relever les défis de sécurité communs et promouvoir un développement véritablement durable.

En effet, les États-Unis travaillent depuis longtemps avec l’OCI pour défendre les droits de l’homme.  Dès 2011, nous avons uni nos forces pour élaborer la résolution 16/18 du Conseil des droits de l’homme afin de lutter contre la discrimination et l’intolérance fondées sur la religion ou les croyances.  Sa mise en œuvre démontre l’engagement de l’OCI et des États-Unis en faveur du droit à la liberté de religion ou de croyance, ainsi que de la liberté d’expression et du rejet de l’islamophobie, de l’antisémitisme et de toutes les formes d’intolérance.

Aujourd’hui, alors que nous sommes réunis ici, une autre situation désastreuse en matière de droits de l’homme nous oblige à agir :  L’Afghanistan.

Nous sommes tous au courant des dizaines de décrets que les talibans ont publiés depuis août 2021 pour restreindre les droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles, notamment en interdisant l’accès à l’éducation au-delà de la sixième année et en interdisant aux femmes de travailler pour des ONG.  Ces décisions ont entraîné des conséquences désastreuses sur le peuple afghan.

Empêcher les filles de recevoir une éducation ne fera que marginaliser davantage les femmes en Afghanistan sur le long terme, et donc affecter les générations futures.  Le fait d’interdire aux femmes de travailler pour des ONG entrave considérablement les efforts d’assistance internationale et empêche les femmes, les filles et les autres couches vulnérables d’Afghanistan de recevoir une aide vitale.

Cette situation est inacceptable.

Une résolution commune de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant les décrets des talibans enverrait un message fort et uni indiquant que la communauté internationale s’oppose à leurs politiques inacceptables.  Il est particulièrement important que ce message émane directement de l’OCI et de ses États membres, étant donné que les Talibans tentent de justifier ces restrictions au nom de l’Islam.  Nous vous invitons tous à vous joindre à cet effort.

C’est précisément parce que nous insistons tous sur l’importance de la liberté de religion ou de croyance que j’apprécie grandement l’engagement de l’OCI à défendre les droits des minorités religieuses.  Je vous demande, en tant que « voix collective du monde musulman », de remplir cette obligation en continuant à accorder une attention soutenue à la crise à laquelle sont confrontés les Rohingyas.

Je crois savoir que l’OCI a mobilisé le soutien de ses États membres en faveur de l’action intentée par la Gambie devant la Cour internationale de justice en faveur des Rohingyas, une initiative vitale et courageuse que j’ai évoqué en début de semaine à Banjul.  J’invite respectueusement les États membres présents aujourd’hui à continuer à donner suite à leurs promesses de soutien financier pour cette entreprise importante, alors que nous recherchons la justice et la responsabilité pour les atrocités commises contre le peuple Rohingya.  Les États-Unis étudient également la manière dont ils peuvent contribuer à ces efforts.

Dans le même esprit, nous devons travailler ensemble pour attirer l’attention du monde sur le génocide et les abus dont sont victimes les Ouïghours musulmans et les autres minorités ethniques et religieuses au Xinjiang, en République populaire de Chine (RPC).  L’OCI et ses 57 États membres ont un rôle essentiel à jouer pour faire la lumière sur les abus que les autorités de la RPC nient et qui ont bouleversé la vie de millions de musulmans et les ont privés de vie, de liberté et de dignité.

En tant que deuxième plus grande organisation multilatérale au monde, l’OCI a également pour rôle de s’opposer fermement aux défis lancés à l’ordre international fondé sur des règles, qui ont défini et renforcé notre responsabilité collective les uns envers les autres depuis la fondation des Nations unies.  L’année dernière, l’Assemblée générale des Nations unies et le Conseil des droits de l’homme ont réprimandé fermement l’agression de la Russie et ses violations des droits de l’homme à maintes reprises.  Nous saluons les 33 membres de l’OCI qui se sont joints à la dernière résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à une paix juste et au retrait de la Russie de l’Ukraine.  Nous exhortons les États membres de l’OCI à soutenir ces efforts continus et à demander des comptes à la Russie pour son agression dévastatrice, qui a déstabilisé la sécurité alimentaire et énergétique à l’échelle mondiale, mais surtout ici en Afrique.

Je voudrais également souligner que nous entrons dans une période où les musulmans du monde entier se préparent au mois sacré du Ramadan, une période de jeûne et d’attention aux communautés.  Tout comme le Ramadan, et la Pâque sont si proches dans le temps cette année, puissions-nous aussi trouver des occasions d’être proches les uns des autres et de reconnaître ce qui nous lie.  Nous nous sommes engagés à consulter nos partenaires dans la région et au-delà, qui ont un intérêt commun à soutenir les efforts visant à réduire les tensions entre Israéliens et Palestiniens et à promouvoir une paix durable.  Nous sommes profondément engagés et nous continuerons d’utiliser notre voix pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la violence et le cycle de la violence, prenne fin.

Pour notre part, nous sommes également ici pour écouter et apprendre.  Tout d’abord, nous voulons tirer parti des expériences riches et variées des États membres de l’OCI en matière de promotion de la tolérance et de lutte contre l’extrémisme violent, ou CVE.  Il s’agit notamment de collaborer avec le réseau multinational de défenseurs de la CVE de l’OCI et de travailler avec l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture, l’Académie internationale du Fiqh islamique et le Secrétariat de l’OCI.  Pour ne citer qu’un exemple, au cours des dernières années, nos aimables hôtes mauritaniens ont mis en œuvre des initiatives novatrices avec les autorités religieuses, les chefs de communautés et les jeunes de tout le pays.  C’est ce type de réponse gouvernementale et sociétale qui gagne du terrain et qui est nécessaire dans le monde entier.

Enfin, nous nous tournons vers un avenir plus durable :  Les pays membres de l’OCI, en particulier l’Égypte et les Émirats arabes unis, ont pris la tête de la lutte contre le changement climatique en acceptant d’accueillir deux sommets mondiaux consécutifs sur le climat : la COP27 à Sharm El Sheik l’année dernière et la prochaine COP28, cette année à Dubaï.  Nous devons saisir ces opportunités pour établir des partenariats entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé afin de réduire les émissions de gaz, de passer à des énergies propres et d’aider les pays vulnérables à s’adapter aux changements liés au climat.  En explorant des partenariats avec la Banque islamique de développement et l’Organisation islamique pour la sécurité alimentaire, entre autres acteurs, les États-Unis espèrent construire un système alimentaire plus fort et plus durable et s’attaquer équitablement à la crise climatique.

Je suis honorée de m’être joint à vous aujourd’hui à Nouakchott pour marquer les progrès importants et les perspectives prometteuses des relations entre les États-Unis et l’OCI.  Ensemble, nos efforts collectifs peuvent réaliser la promesse de paix en respectant les droits de l’homme, en trouvant de nouvelles façons de faire face aux défis nouveaux et anciens en matière de sécurité, et en s’associant pour un avenir plus durable.