Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Discours
Université George Washington
Washington
Le 26 mai 2022
M. LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Merci. Bonjour.
C’est un réel plaisir d’être ici, à l’Université George Washington. C’est une institution qui attire des étudiants et des universitaires exceptionnels du monde entier et où les défis les plus urgents qui se posent à notre pays et à notre planète sont étudiés et débattus. Je vous remercie donc de nous accueillir ici aujourd’hui.
Et je tiens tout particulièrement à remercier nos amis de l’Asia Society, qui se consacrent à l’établissement de liens plus étroits avec les pays et les peuples d’Asie pour tenter de renforcer la paix, la prospérité, la liberté, l’égalité et la durabilité. Merci de nous accueillir aujourd’hui, mais je souhaite également vous remercier du leadership dont vous faites montre chaque jour. Kevin Rudd, Wendy Cutler, Danny Russel, vous êtes tous des collègues, tous des experts reconnus, mais aussi des gens d’action, et c’est toujours merveilleux d’être avec vous.
Et je dois dire que je suis vraiment reconnaissant, Sénateur Romney, de votre présence ici aujourd’hui. Vous êtes un homme, un leader, que j’admire beaucoup, une personne aux principes immenses, et un chef de file dans le domaine dont nous allons parler aujourd’hui. Monsieur le sénateur, merci de votre présence.
Et je suis également ravi de voir tant de membres du corps diplomatique dans la mesure où la diplomatie est l’outil indispensable qui nous permettra de façonner notre avenir commun.
Au cours des deux dernières années, nous nous sommes unis pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et nous préparer aux futures urgences sanitaires dans le monde, pour nous remettre des chocs économiques, des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement aux crises de la dette, pour nous attaquer au changement climatique et pour réimaginer un avenir énergétique plus propre, plus sûr et plus abordable.
Le dénominateur commun de ces efforts est le simple fait qu’aucun d’entre nous ne peut relever ces défis seul. Nous devons les relever ensemble.
C’est pourquoi nous avons repositionné la diplomatie au centre de la politique étrangère américaine, pour nous aider à réaliser l’avenir que les Américains et les peuples du monde entier recherchent, un avenir où la technologie est utilisée pour aider les gens et non pour les réprimer, où les échanges commerciaux soutiennent les travailleurs, font accroître les revenus et créent des débouchés, où les droits humains universels sont respectés, où les pays sont à l’abri de la coercition et de l’agression, où les personnes, les idées, les biens et les capitaux circulent librement, et où tous les pays peuvent à la fois déterminer leur propre voie et travailler ensemble efficacement en faveur d’une cause commune.
Pour construire cet avenir, nous devons défendre et réformer l’ordre international fondé sur des règles : le système de lois, d’accords, de principes et d’institutions que le monde a construit ensemble à la suite des deux guerres mondiales afin de gérer les relations entre les États, de prévenir les conflits et de faire respecter les droits de tous.
Ses documents fondateurs comprennent la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits humains, qui consacrent des concepts tels que l’autodétermination, la souveraineté et le règlement pacifique des différends. Ces concepts ne sont pas occidentaux. Ils reflètent les aspirations partagées du monde.
Au cours des décennies qui ont suivi, malgré des défis de taille et malgré l’écart entre nos idéaux et certains des résultats obtenus, les pays du monde ont évité une autre guerre mondiale et un conflit armé entre puissances nucléaires. Nous avons édifié une économie mondiale qui a permis à des milliards de personnes de sortir de la pauvreté. Nous avons fait progresser les droits humains comme jamais auparavant.
Aujourd’hui, alors que nous nous tournons vers l’avenir, nous voulons non seulement maintenir l’ordre international qui a rendu possible une grande partie de ces progrès, mais aussi le moderniser, nous assurer qu’il représente les intérêts, les valeurs et les espoirs de toutes les nations, grandes et petites, de toutes les régions et, en outre, qu’il puisse relever les défis auxquels nous sommes confrontés actuellement et auxquels nous serons confrontés à l’avenir, dont beaucoup dépassent ce que le monde aurait pu imaginer il y a soixante-dix ans.
Mais ce résultat n’est pas garanti, car les fondements de l’ordre international sont remis en question de manière préoccupante et continue.
Le président russe Vladimir Poutine représente une menace claire et immédiate. En attaquant l’Ukraine il y a trois mois, il a également attaqué les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale inscrits dans la Charte des Nations Unies pour protéger tous les pays contre la conquête ou la contrainte. C’est pourquoi tant de pays se sont unis pour s’opposer à cette agression. C’est parce qu’ils y voient une attaque directe contre les fondements de leur paix et leur sécurité.
L’Ukraine se bat vaillamment pour défendre son peuple et son indépendance avec une aide sans précédent des États-Unis et de pays à travers le monde. Et si la guerre n’est pas terminée, il faut dire que le président Poutine n’a réussi à atteindre aucun de ses objectifs stratégiques. Au lieu de supprimer l’indépendance de l’Ukraine, il l’a renforcée. Au lieu de diviser l’OTAN, il l’a unie. Au lieu d’affirmer la force de la Russie, il l’a sapée. Et au lieu d’affaiblir l’ordre international, il a rallié les pays à sa défense.
Alors même que la guerre du président Poutine se poursuit, nous resterons concentrés sur le défi à long terme le plus grave pour l’ordre international, à savoir celui que pose la République populaire de Chine.
La Chine est le seul pays ayant à la fois l’intention de remodeler l’ordre international et, de plus en plus, la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique pour y parvenir. La vision de Pékin nous éloignerait des valeurs universelles qui ont soutenu une très grande partie des progrès réalisés dans ce monde depuis 75 ans.
La Chine est également indispensable à l’économie mondiale et à notre capacité à résoudre des problèmes allant du climat à la COVID. En d’autres termes, les États-Unis et la Chine doivent pour le moment composer l’un avec l’autre.
C’est pourquoi il s’agit de l’une des relations les plus complexes et les plus importantes du monde d’aujourd’hui.
Au cours des douze derniers mois, l’administration Biden a élaboré et mis en œuvre une stratégie globale visant à tirer parti de nos atouts nationaux et de notre réseau inégalé d’alliés et de partenaires pour réaliser l’avenir que nous recherchons.
Nous ne recherchons ni le conflit ni une nouvelle guerre froide. Au contraire, nous sommes déterminés à éviter les deux.
Nous ne cherchons pas à empêcher la Chine de jouer son rôle de grande puissance, ni à empêcher la Chine, ou tout autre pays d’ailleurs, de développer son économie ou de faire progresser les intérêts de son peuple.
Mais nous défendrons et renforcerons le droit international, les accords, les principes et les institutions qui maintiennent la paix et la sécurité, protègent les droits des individus et des nations souveraines, et permettent à tous les pays, y compris aux États-Unis et à la Chine, de coexister et de coopérer.
La Chine d’aujourd’hui est très différente de ce qu’elle était il y a 50 ans, lorsque le président Nixon a rompu avec des décennies de relations tendues en devenant le premier président américain à visiter le pays.
À l’époque, la Chine était isolée et luttait contre une pauvreté et une faim généralisées.
Aujourd’hui, la Chine est une puissance mondiale dotée d’une portée, d’une influence et d’une ambition extraordinaires. C’est la deuxième économie au monde, avec des villes et des réseaux de transport public de classe mondiale. Elle abrite certaines des plus grandes entreprises technologiques du monde et cherche à dominer les technologies et les industries du futur. Elle a rapidement modernisé son armée et entend devenir une force de combat de premier plan d’envergure mondiale. Et elle a annoncé son ambition de créer une sphère d’influence dans la région indopacifique et de devenir la première puissance mondiale.
La transformation de la Chine est due au talent, à l’ingéniosité et au travail acharné du peuple chinois. Cette transformation a également été rendue possible grâce à la stabilité et aux débouchés qu’offre l’ordre international. On pourrait dire qu’aucun pays sur Terre n’en a autant profité que la Chine.
Mais plutôt que d’utiliser son pouvoir pour renforcer et revitaliser les lois, les accords, les principes et les institutions qui ont permis son succès, afin que d’autres pays puissent également en bénéficier, Pékin les sape. Sous le mandat du président Xi, le Parti communiste chinois au pouvoir est devenu plus répressif à l’intérieur et plus agressif à l’extérieur.
Nous le voyons dans la façon dont Pékin a perfectionné la surveillance de masse en Chine et exporté cette technologie dans plus de 80 pays, dans la façon dont il fait valoir des revendications maritimes illégales en mer de Chine méridionale, sapant la paix et la sécurité, la liberté de navigation et les échanges commerciaux, dans la façon dont il contourne ou enfreint les règles commerciales, nuisant aux travailleurs et aux entreprises aux États-Unis mais aussi dans le monde entier et dans la façon dont il prétend défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale tout en soutenant des États qui les violent effrontément.
Alors même que la Russie se mobilisait clairement pour envahir l’Ukraine, le président Xi et le président Poutine ont déclaré que l’amitié entre leurs pays était, et je cite, « sans limites ». Cette semaine encore, pendant la visite du président Biden au Japon, la Chine et la Russie ont effectué ensemble une patrouille de bombardiers stratégiques dans la région.
La défense par Pékin de la guerre menée par le président Poutine pour supprimer la souveraineté de l’Ukraine et s’assurer une sphère d’influence en Europe devrait sonner l’alarme pour tous ceux d’entre nous qui vivent dans la région indopacifique.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, c’est un moment tendu pour le monde. Et dans des moments comme celui-ci, la diplomatie est vitale. C’est ainsi que nous pouvons exprimer clairement nos profondes préoccupations, mieux comprendre le point de vue de l’autre et ne pas douter de ses intentions. Nous sommes prêts à accroître notre communication directe avec Pékin sur toute une série de questions. Et nous espérons que cela pourra se faire.
Mais nous ne pouvons pas compter sur Pékin pour changer de trajectoire. Nous allons donc façonner l’environnement stratégique autour de Pékin pour faire avancer notre vision d’un système international ouvert et inclusif.
Le président Biden est convaincu que cette décennie sera décisive. Les mesures que nous adopterons chez nous et avec les pays du monde entier détermineront si notre vision commune de l’avenir se réalisera.
Pour réussir au cours de cette décennie décisive, la stratégie de l’administration Biden peut se résumer en trois mots : « investissement, alignement, concurrence ».
Nous allons investir dans les fondements de notre force ici, chez nous, à savoir notre compétitivité, notre capacité d’innovation, notre démocratie.
Nous alignerons nos efforts sur ceux de notre réseau d’alliés et de partenaires, en agissant avec un but commun et pour une cause commune.
Et en exploitant ces deux atouts clés, nous rivaliserons avec la Chine pour défendre nos intérêts et construire notre vision de l’avenir.
Nous relevons ce défi avec confiance. Notre pays dispose de nombreux atouts. Nous avons des voisins pacifiques, une population diversifiée et en pleine croissance, des ressources abondantes, la monnaie de réserve mondiale, l’armée la plus puissante de la planète et une culture florissante de l’innovation et de l’esprit d’entreprise qui a, par exemple, produit de multiples vaccins efficaces protégeant aujourd’hui les populations du monde entier contre la COVID-19.
Et notre société ouverte, quand les conditions sont réunies, attire les flux de talents et d’investissements et possède une capacité de réinvention éprouvée, ancrée dans notre démocratie, qui nous permet de relever tous les défis auxquels nous sommes confrontés.
Tout d’abord, en ce qui concerne l’investissement dans nos points forts.
Après la Seconde Guerre mondiale, alors que nos partenaires et nous établissions un ordre fondé sur des règles, notre État fédéral réalisait également des investissements stratégiques dans la recherche scientifique, l’éducation, les infrastructures et notre population active, créant ainsi des millions d’emplois pour la classe moyenne et des décennies de prospérité et de leadership technologique. Mais nous avons pris ces fondements pour acquis. Il est donc temps de revenir à l’essentiel.
L’administration Biden réalise des investissements de grande envergure dans les sources essentielles de notre force nationale, en commençant par une stratégie industrielle moderne visant à soutenir et à étendre notre influence économique et technologique, à rendre notre économie et nos chaînes d’approvisionnement plus résilientes, à aiguiser notre avantage concurrentiel.
L’année dernière, le président Biden a promulgué la loi sur le plus grand investissement dans les infrastructures de notre histoire. Il s’agit de moderniser nos autoroutes, nos ports, nos aéroports, nos chemins de fer et nos ponts, afin d’accélérer la mise sur le marché des marchandises et de stimuler notre productivité, d’étendre l’Internet à haut débit à tous les coins du pays et d’attirer davantage d’entreprises et d’emplois dans davantage de régions des États-Unis.
Nous réalisons des investissements stratégiques dans l’éducation et la formation des travailleurs, afin que la main d’œuvre américaine, la meilleure du monde, puisse concevoir, construire et exploiter les technologies de l’avenir.
Parce que notre stratégie industrielle est centrée sur la technologie, nous voulons investir dans la recherche, le développement et la fabrication avancée. Il y a 60 ans, les États-Unis dépensaient plus de deux fois plus qu’aujourd’hui pour la recherche, en pourcentage de notre économie. Ces investissements ont, à leur tour, catalysé l’innovation du secteur privé. C’est ainsi que nous avons gagné la course à l’espace, inventé le semi-conducteur, construit l’Internet. Nous étions autrefois les premiers au monde en matière de recherche et développement proportionnellement à notre PIB, nous sommes désormais au neuvième rang. Pendant ce temps, la Chine est passée du huitième au deuxième rang.
Avec le soutien bipartite du Congrès, nous allons inverser ces tendances et réaliser des investissements historiques dans la recherche et l’innovation, notamment dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, la biotechnologie et l’informatique quantique. Ce sont des domaines dans lesquels Pékin est déterminé à prendre la tête, mais, étant donné les avantages de l’Amérique, c’est une course que nous devrions gagner, non seulement en termes de développement de nouvelles technologies, mais aussi en ce qui concerne la manière dont elles sont utilisées dans le monde, afin qu’elles soient ancrées dans des valeurs démocratiques et non autoritaires.
Les dirigeants, comme le sénateur Romney et d’autres, de la Chambre et du Sénat ont voté des projets de loi pour soutenir ce programme, y compris en allouant des milliards de dollars pour produire des semi-conducteurs ici et pour renforcer d’autres chaînes d’approvisionnement essentielles. Il faut maintenant que le Congrès envoie une loi au président pour qu’il la signe.
Nous pouvons y arriver, et cela ne peut pas attendre. Les chaînes d’approvisionnement sont en mouvement maintenant et si nous ne les attirons pas ici, elles s’établiront ailleurs. Comme l’a dit le président Biden, le parti communiste chinois fait pression contre cette loi parce qu’il n’y a pas de meilleur moyen d’améliorer notre position et notre influence mondiales que de réaliser notre renouveau national. Ces investissements ne rendront pas seulement l’Amérique plus forte, ils feront également d’elle un partenaire et un allié plus forts.
L’une des caractéristiques les plus puissantes, voire magiques, des États-Unis est que nous sommes depuis longtemps une destination pour les personnes talentueuses et motivées venant des quatre coins du monde. Cela inclut des millions d’étudiants chinois, qui ont enrichi nos collectivités et forgé des liens durables avec les Américains. L’année dernière, malgré la pandémie, nous avons délivré plus de 100 000 visas à des étudiants chinois en seulement quatre mois, un record. Nous sommes ravis qu’ils aient choisi de faire leurs études aux États-Unis, nous avons de la chance de les avoir.
Et nous avons de la chance lorsque les meilleurs talents du monde font non seulement leurs études ici mais y restent, comme l’ont fait ces dernières années plus de 80 % des étudiants chinois doctorants en sciences et en technologie aux États-Unis. Ils contribuent à stimuler l’innovation chez nous, ce qui nous profite à tous. Nous pouvons rester vigilants quant à notre sécurité nationale sans fermer nos portes.
Notre histoire nous a également appris que lorsque nous gérons une relation difficile avec un autre pays, les personnes qui en sont originaires peuvent avoir l’impression qu’elles n’ont pas leur place ici, ou qu’elles sont nos adversaires. C’est totalement faux. Les Américains d’origine chinoise ont apporté une contribution inestimable à notre pays, et ce depuis des générations. Le fait de maltraiter une personne d’origine chinoise va à l’encontre de tout ce que notre pays représente — qu’il s’agisse d’un ressortissant chinois en visite ou vivant ici, d’un Américain d’origine chinoise ou de tout autre Américain d’origine asiatique dont les droits dans ce pays sont égaux à ceux de tout le monde. Le racisme et la haine n’ont pas leur place dans une nation construite par des générations d’immigrants pour tenir la promesse d’une opportunité pour tous.
Nous avons de profondes différences avec le parti communiste chinois et le gouvernement chinois. Mais ces différences sont entre les gouvernements et les systèmes, pas entre nos peuples. Le peuple américain a un grand respect pour le peuple chinois. Nous respectons ses réalisations, son histoire, sa culture. Nous apprécions profondément les liens familiaux et d’amitié qui nous unissent. Et nous souhaitons sincèrement que nos gouvernements travaillent ensemble sur des questions qui ont de l’importance pour leur vie et pour la vie des Américains, et par conséquent pour la vie des gens dans le monde entier.
Il existe une autre source fondamentale de force nationale sur laquelle nous nous appuierons au cours de cette décennie décisive : notre démocratie.
Il y a cent ans, si on nous avait demandé ce qui constitue la richesse d’une nation, nous aurions pu citer l’étendue de notre territoire, la taille de notre population, la force de notre armée, l’abondance de nos ressources naturelles. Et bien heureusement, nous sommes encore riches de tous ces attributs. Mais plus que jamais, en ce XXIe siècle, la véritable richesse d’une nation réside dans son peuple, ses ressources humaines, et sa capacité à réaliser son plein potentiel.
Nous y parvenons grâce à notre système démocratique. Nous débattons, nous argumentons, nous ne sommes pas d’accord, nous nous remettons mutuellement en question, et nous interpellons nos dirigeants élus aussi. Nous prenons en charge nos lacunes ouvertement. Nous ne prétendons pas qu’elles n’existent pas, nous ne les balayons pas sous le tapis non plus. Et même si le progrès peut être douloureusement lent, difficile et laid, dans l’ensemble, nous travaillons constamment à l’avènement d’une société où les personnes de tous horizons peuvent s’épanouir, guidées par des valeurs nationales qui nous unissent, nous motivent et nous encouragent.
Nous ne sommes pas parfaits. Mais sous notre meilleur jour, nous nous efforçons toujours, pour reprendre les termes de notre Constitution, de former une union plus parfaite. Notre démocratie est conçue pour y parvenir.
C’est ce que le peuple américain et le modèle américain offrent. Et c’est l’un des atouts les plus puissants dans cette compétition.
Pékin croit que son modèle est le meilleur, qu’un système centralisé dirigé par le parti est plus efficace, moins désordonné et en fin de compte supérieur à la démocratie. Nous ne cherchons pas à transformer le système politique chinois. Notre tâche consiste à prouver une fois de plus que la démocratie peut relever les défis urgents, créer des opportunités, faire progresser la dignité humaine, que l’avenir appartient à ceux qui croient en la liberté et que tous les pays seront libres de tracer leur propre chemin sans contrainte.
Le deuxième élément de notre stratégie consiste à nous aligner sur nos alliés et partenaires afin de promouvoir une vision commune de l’avenir.
Dès le premier jour, l’administration Biden s’est efforcée de redynamiser le réseau inégalé d’alliances et de partenariats des États-Unis et de se réimpliquer dans les institutions internationales. Nous encourageons nos partenaires à travailler les uns avec les autres et par le biais d’organisations régionales et mondiales. Et nous mettons en place de nouvelles coalitions pour répondre aux besoins de notre peuple et aux défis du siècle à venir.
Cela n’est nulle part plus vrai que dans la région indopacifique, où nos relations, y compris nos alliances fondées sur des traités, comptent parmi les plus fortes au monde.
Les États-Unis partagent la vision qu’ont les pays et les peuples de la région : celle d’une région indopacifique libre et ouverte, où les règles sont élaborées de manière transparente et appliquées équitablement, où les pays sont libres de prendre leurs propres décisions souveraines, où les biens, les idées et les personnes circulent librement sur terre, dans le ciel, dans le cyberespace et en haute mer, et où la gouvernance est à l’écoute des populations.
Le président Biden a renforcé ces priorités cette semaine lors de son déplacement dans la région, où il a réaffirmé nos alliances vitales en matière de sécurité avec la Corée du Sud et le Japon, et approfondi notre coopération économique et technologique avec ces deux pays.
Il a lancé le cadre économique indopacifique pour la prospérité, une initiative inédite pour la région. Elle permettra, selon les termes du président, « d’aider les économies de tous nos pays à croître plus rapidement et plus équitablement ». Le Cadre économique pour l’Indopacifique (IPEF), comme nous l’appelons, renouvelle le leadership économique américain mais l’adapte au XXIe siècle en abordant des questions de pointe comme l’économie numérique, les chaînes d’approvisionnement, les énergies propres, les infrastructures et la corruption. Une douzaine de pays, dont l’Inde, y ont déjà adhéré. Ensemble, les membres de l’IPEF représentent plus d’un tiers de l’économie mondiale.
Le président a également pris part au sommet des dirigeants des pays du Quad, Australie, Japon, Inde, États-Unis. Le Quad ne s’était jamais réuni au niveau des chefs d’État et de gouvernement avant l’entrée en fonction du président Biden. Depuis qu’il a convoqué la première réunion des dirigeants l’année dernière, le Quad a tenu quatre sommets. C’est devenu une équipe régionale de premier plan. Cette semaine, le Quad a lancé un nouveau partenariat indopacifique pour la sensibilisation au domaine maritime, afin que nos partenaires de la région puissent mieux surveiller les eaux proches de leurs côtes pour lutter contre la pêche illégale et protéger leurs droits maritimes et leur souveraineté.
Nous revigorons notre partenariat avec l’ANASE. Au début du mois, nous avons organisé le sommet États-Unis-ANASE afin de nous attaquer ensemble à des problèmes urgents tels que la santé publique et la crise climatique. Cette semaine, sept pays de l’ANASE sont devenus membres fondateurs du Cadre économique indopacifique. Et nous créons des ponts entre nos partenaires indopacifiques et européens, notamment en invitant des alliés asiatiques au sommet de l’OTAN à Madrid le mois prochain.
Nous renforçons la paix et la stabilité dans la région indopacifique, par exemple avec le nouveau partenariat de sécurité entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, connu sous le nom d’AUKUS.
Et nous aidons les pays de la région et du monde entier à vaincre la COVID-19. À ce jour, les États-Unis ont fourni près de 20 milliards de dollars à la réponse mondiale à la pandémie. Cela inclut le don, et non la vente, de plus de 540 millions de doses de vaccins sûrs et efficaces sans conditions politiques, en vue d’atteindre 1,2 milliard de doses dans le monde. Et nous coordonnons avec un groupe de 19 pays un plan d’action mondial portant sur la distribution de vaccins.
Grâce à tout ce travail de diplomatie, nous sommes davantage en phase avec nos partenaires de la région indopacifique et nous travaillons de manière plus coordonnée à la réalisation de nos objectifs communs.
Nous avons également approfondi notre alignement de l’autre côté de l’Atlantique. L’année dernière, nous avons lancé le Conseil du commerce et des technologies États-Unis-Union européenne, qui rassemble le poids combiné de près de 50 % du PIB mondial. La semaine dernière, je me suis joint à la secrétaire Raimondo, à l’ambassadrice Tai et à nos homologues de la Commission européenne pour notre deuxième réunion afin de travailler ensemble sur les nouvelles normes technologiques, de coordonner le filtrage des investissements et le contrôle des exportations, de renforcer les chaînes d’approvisionnement, de stimuler les technologies vertes et d’améliorer la sécurité alimentaire et l’infrastructure numérique dans les pays en développement.
Parallèlement, nos partenaires européens et nous-mêmes avons mis de côté 17 années de contentieux au sujet des avions. Désormais, au lieu de nous disputer, nous nous efforçons de garantir des conditions de concurrence équitables pour nos entreprises et nos travailleurs dans ce secteur.
De même, nous avons travaillé avec l’Union européenne et d’autres parties pour résoudre un différend sur les importations d’acier et d’aluminium, et maintenant nous nous rassemblons autour d’une vision commune sur des normes climatiques plus élevées et la protection de nos travailleurs et de nos industries contre les efforts délibérés de Pékin pour fausser le marché à son avantage.
Nous nous associons à l’Union européenne pour protéger la vie privée de nos citoyens tout en renforçant une économie numérique partagée qui dépend de vastes flux de données.
Avec le G20, nous avons conclu un accord historique sur un impôt minimum mondial pour mettre fin à la course vers le bas, faire en sorte que les grandes entreprises paient leur juste part et donner aux pays encore plus de ressources pour investir dans leur population. Plus de 130 pays l’ont signé à ce jour.
Avec nos partenaires du G7, nous poursuivons une approche coordonnée, de haut niveau et transparente pour répondre aux énormes besoins en infrastructures des pays en développement.
Nous avons convoqué des sommets mondiaux pour vaincre la COVID-19 et renouveler la démocratie mondiale, et nous avons réintégré le Conseil des droits humains des Nations unies et l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé.
Et à un moment de grande épreuve, nous avons, avec nos alliés, redynamisé l’OTAN, qui est maintenant plus forte que jamais.
Toutes ces actions visent à défendre et, si nécessaire, à réformer l’ordre fondé sur des règles qui devrait bénéficier à toutes les nations. Nous voulons mener une course vers le sommet en matière de technologie, de climat, d’infrastructures, de santé mondiale et de croissance économique inclusive. Et nous voulons renforcer un système dans lequel autant de pays que possible peuvent se réunir pour coopérer efficacement, résoudre pacifiquement leurs différends et écrire leur propre avenir en tant qu’égaux souverains.
Notre diplomatie est fondée sur le partenariat et le respect des intérêts de chacun. Nous ne nous attendons pas à ce que tous les pays portent exactement le même regard que nous sur la Chine. Nous savons que de nombreux pays, y compris les États-Unis, entretiennent avec la Chine des liens économiques ou interpersonnels essentiels qu’ils souhaitent préserver. Il ne s’agit pas de forcer les pays à choisir. Il s’agit de leur donner le choix, afin que, par exemple, la seule option ne soit pas un investissement opaque qui laisse les pays endettés, alimente la corruption, nuise à l’environnement, ne crée pas d’emplois locaux ou de croissance, et compromette l’exercice de la souveraineté des pays. Nous avons entendu parler de première main des remords de l’acheteur que ces transactions peuvent entraîner.
À chaque étape, nous consultons nos partenaires, nous les écoutons, nous prenons leurs préoccupations à cœur et nous élaborons des solutions qui répondent à leurs défis et priorités uniques.
Il existe une convergence croissante sur la nécessité d’aborder les relations avec Pékin avec plus de réalisme. Nombre de nos partenaires savent déjà, du fait d’expériences douloureuses, que Pékin peut s’en prendre à eux lorsqu’ils font des choix qui lui déplaisent. Comme au printemps dernier, lorsque Pékin a interdit aux étudiants et aux touristes chinois de se rendre en Australie et a imposé un droit de douane de 80 % sur les exportations d’orge australiennes, parce que le gouvernement australien avait demandé une enquête indépendante sur l’origine de la COVID. Ou encore en novembre dernier, lorsque des navires des garde-côtes chinois ont utilisé des canons à eau pour empêcher le réapprovisionnement d’un navire de la marine philippine en mer de Chine méridionale. De telles actions rappellent au monde que Pékin peut riposter à ce qu’il perçoit comme une opposition.
Il existe un autre domaine d’alignement que nous partageons avec nos alliés et partenaires : les droits humains.
Les États-Unis se tiennent aux côtés des pays et des peuples du monde entier contre le génocide et les crimes contre l’humanité qui se produisent dans la région du Xinjiang, où plus d’un million de personnes ont été placées dans des camps de détention en raison de leur identité ethnique et religieuse.
Nous sommes solidaires sur la question du Tibet, où les autorités continuent de mener une campagne brutale contre les Tibétains et leur culture, leur langue et leurs traditions religieuses, et à Hong Kong, où le Parti communiste chinois a imposé de sévères mesures antidémocratiques sous couvert de sécurité nationale.
Aujourd’hui, Pékin insiste sur le fait qu’il s’agit en quelque sorte de questions internes que les autres n’ont pas le droit de soulever. C’est faux. Le traitement qu’il réserve aux minorités ethniques et religieuses du Xinjiang et du Tibet, ainsi que de nombreuses autres actions, vont à l’encontre des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies que Pékin cite constamment et de la Déclaration universelle des droits humains à laquelle tous les pays sont tenus adhérer.
En réprimant la liberté à Hong Kong, Pékin viole ses engagements en matière de rétrocession, inscrits dans un traité déposé auprès des Nations unies.
Nous continuerons à soulever ces questions et à appeler au changement, non pas pour nous opposer à la Chine, mais pour défendre la paix, la sécurité et la dignité humaine.
Cela nous amène au troisième élément de notre stratégie. Grâce à des investissements accrus au niveau national et à un meilleur alignement avec les alliés et les partenaires, nous sommes bien placés pour surpasser la Chine dans des domaines clés.
Par exemple, Pékin veut se placer au centre de l’innovation et de la fabrication mondiales, accroître la dépendance technologique des autres pays, puis utiliser cette dépendance pour imposer ses préférences en matière de politique étrangère. Et Pékin se donne beaucoup de mal pour gagner cette course, par exemple en profitant de l’ouverture de nos économies pour espionner, pirater, voler des technologies et du savoir-faire afin de faire progresser son innovation militaire et de consolider son État de surveillance.
Ainsi, alors que nous nous assurons que la prochaine vague d’innovation sera déclenchée par les États-Unis et nos alliés et partenaires, nous nous protégerons également contre les efforts visant à siphonner notre ingéniosité ou à mettre en péril notre sécurité.
Nous affinons nos outils pour préserver notre compétitivité technologique. Il s’agit notamment de nouveaux contrôles à l’exportation, plus stricts, pour veiller à ce que nos innovations essentielles ne se retrouvent pas entre de mauvaises mains, de protections accrues pour la recherche universitaire, afin de créer un environnement ouvert, sûr et favorable à la science, de meilleures défenses cybernétiques, d’une sécurité renforcée pour les données sensibles et de mesures de filtrage des investissements plus pointues pour défendre les entreprises et les pays contre les efforts de Pékin visant à accéder à des technologies, des données ou des infrastructures sensibles, à compromettre nos chaînes d’approvisionnement ou à dominer des secteurs stratégiques clés.
Nous pensons, et nous attendons du monde des affaires qu’il comprenne, que le prix de l’admission sur le marché chinois ne doit pas être le sacrifice de nos valeurs fondamentales ou de nos avantages concurrentiels et technologiques sur le long terme. Nous comptons sur les entreprises pour qu’elles recherchent une croissance de manière responsable, qu’elles évaluent les risques avec sobriété et qu’elles travaillent avec nous non seulement pour protéger mais aussi pour renforcer notre sécurité nationale.
Pendant trop longtemps, les entreprises chinoises ont bénéficié d’un accès bien plus important à nos marchés que nos entreprises en Chine. Par exemple, les Américains qui veulent lire le China Daily ou communiquer via WeChat sont libres de le faire, mais le New York Times et Twitter sont interdits au peuple chinois, à l’exception des fonctionnaires qui utilisent ces plateformes pour diffuser de la propagande et de la désinformation. Les entreprises américaines qui opèrent en Chine font l’objet d’un transfert de technologie forcé systématique, alors que les entreprises chinoises en Amérique sont protégées par notre état de droit. Les cinéastes chinois peuvent commercialiser librement leurs films auprès des exploitants de salles de cinéma américaines sans aucune censure de la part des autorités américaines, mais Pékin limite strictement le nombre de films étrangers autorisés sur le marché chinois, et ceux qui sont autorisés sont soumis à une censure politique musclée. Les entreprises chinoises qui opèrent aux États-Unis ne craignent pas d’utiliser notre système juridique impartial pour défendre leurs droits. En fait, elles sont fréquemment devant les tribunaux pour faire valoir leurs droits contre le gouvernement des États-Unis. Il n’en va pas de même pour les entreprises étrangères en Chine.
Ce manque de réciprocité est inacceptable et ne peut durer.
Prenez par exemple ce qui s’est passé sur le marché de l’acier. Pékin a dirigé des opérations massives de surinvestissement par des sociétés chinoises qui ont ensuite déverser de grandes quantités d’acier pas cher sur le marché mondial. Contrairement aux entreprises américaines et à d’autres entreprises axées sur le marché, les entreprises chinoises n’ont pas besoin de faire des bénéfices dans la mesure où elles bénéficient simplement d’une nouvelle injection de crédit de la banque d’État lorsque leurs fonds sont insuffisants. En outre, elles ne font pas grand-chose pour contrôler la pollution ou protéger les droits de leurs travailleurs, ce qui permet également de maintenir les coûts à un bas niveau. Par conséquent, la Chine représente aujourd’hui plus de la moitié de la production mondiale d’acier, évinçant du marché les entreprises américaines, ainsi que les usines en Inde, au Mexique, en Indonésie, en Europe et ailleurs.
Nous avons vu ce même modèle avec les panneaux solaires, les batteries de voitures électriques, des secteurs clés de l’économie du XXIe siècle que nous ne pouvons pas laisser devenir complètement dépendants de la Chine.
Des manipulations économiques comme celles-ci ont coûté des millions d’emplois aux travailleurs américains. Et elles ont porté préjudice aux travailleurs et aux entreprises de pays du monde entier. Nous nous opposerons aux politiques et pratiques qui faussent le marché, comme les subventions et les barrières d’accès au marché, que l’État chinois utilise depuis des années pour obtenir un avantage concurrentiel. Nous renforcerons la sécurité et la résilience des chaînes d’approvisionnement en délocalisant la production ou en nous approvisionnant en matériaux dans d’autres pays dans des secteurs sensibles tels que les produits pharmaceutiques et les minéraux essentiels, afin de ne pas dépendre d’un seul fournisseur. Nous ferons front commun avec d’autres pays contre la coercition et l’intimidation économiques. Et nous veillerons à ce que les entreprises américaines ne s’engagent pas dans un commerce qui facilite les violations des droits humains, notamment le travail forcé, ou qui en tire profit.
En bref, nous nous battrons pour l’industrie et les travailleurs américains avec tous les outils dont nous disposons, tout comme nous savons que nos partenaires se battront pour leurs travailleurs.
Les États-Unis ne veulent pas séparer l’économie chinoise de la nôtre ou de l’économie mondiale, bien que Pékin, malgré sa rhétorique, poursuive un découplage asymétrique, cherchant à rendre la Chine moins dépendante du monde et le monde plus dépendant de la Chine. Nous souhaitons, pour notre part, des échanges et des investissements tant qu’ils sont équitables et ne mettent pas en péril notre sécurité nationale. La Chine dispose de formidables ressources économiques, notamment d’une main-d’œuvre très compétente. Nous sommes convaincus que nos travailleurs et nos entreprises seront en mesure de rivaliser avec succès, et nous nous réjouissons de cette concurrence –sur un pied d’égalité.
Ainsi, tout en repoussant de manière responsable les pratiques technologiques et économiques déloyales, nous nous efforcerons de maintenir les liens économiques et interpersonnels entre les États-Unis et la Chine, conformément à nos intérêts et à nos valeurs. Pékin n’est peut-être pas disposé à changer son comportement. Mais s’il prend des mesures concrètes pour répondre aux préoccupations que nous et de nombreux autres pays avons exprimées, nous répondrons positivement.
La concurrence ne doit pas nécessairement conduire au conflit. Nous ne le recherchons pas. Nous nous efforcerons de l’éviter. Mais nous défendrons nos intérêts contre toute menace.
À cette fin, le président Biden a donné pour instruction au département de la Défense de relever le défi de cadence de la Chine afin de s’assurer que nos militaires restent en tête. Nous chercherons à préserver la paix par le biais d’une nouvelle approche que nous appelons la « dissuasion intégrée », en faisant appel à des alliés et à des partenaires, en travaillant dans les domaines conventionnel, nucléaire, spatial et informationnel, en tirant parti de nos forces renforcées en économie, en technologie et en diplomatie.
L’administration réoriente ses investissements militaires en délaissant les plates-formes conçues pour les conflits du XXe siècle au profit de systèmes asymétriques à plus longue portée, plus difficiles à trouver et plus faciles à déplacer. Nous développons de nouveaux concepts pour guider la conduite de nos opérations militaires. Et nous diversifions notre dispositif de forces et notre empreinte mondiale, en fortifiant nos réseaux, nos infrastructures civiles essentielles et nos capacités spatiales. Nous aiderons également nos alliés et partenaires de la région à développer leurs propres capacités asymétriques.
Nous continuerons à nous opposer aux activités agressives et illégales de Pékin dans les mers de Chine méridionale et orientale. Il y a près de six ans, un tribunal international a estimé que les revendications de Pékin en mer de Chine méridionale n’avaient aucun fondement dans le droit international. Nous aiderons les États côtiers de la région à faire respecter leurs droits maritimes. Nous travaillerons avec nos alliés et nos partenaires pour préserver la liberté de navigation et de survol, qui a permis la prospérité de la région pendant des décennies. Et nous continuerons à voler et à naviguer partout où le droit international le permet.
En ce qui concerne Taïwan, notre approche est cohérente depuis des dizaines d’années et d’une administration à une autre. Comme l’a dit le président, notre politique n’a pas changé. Les États-Unis restent attachés à leur politique d’une seule Chine, qui est guidée par la loi américaine sur les relations avec Taïwan, les trois communiqués conjoints et les six assurances. Nous nous opposons à toute modification unilatérale du statu quo par l’une ou l’autre des parties, nous ne soutenons pas l’indépendance de Taïwan et nous espérons que les différends entre les deux rives du détroit seront résolus par des moyens pacifiques.
Nous continuons à avoir un intérêt constant pour la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan. Nous continuerons à respecter les engagements que nous avons pris en vertu de notre loi sur les relations avec Taïwan, à savoir aider Taïwan à maintenir une capacité d’autodéfense suffisante et à « maintenir notre capacité à résister à tout recours à la force ou à d’autres formes de coercition qui mettraient en péril la sécurité ou le système social ou économique de Taïwan ». Nous entretenons de solides relations non officielles avec Taïwan, une démocratie dynamique et une économie de premier plan dans la région. Nous continuerons à étendre notre coopération avec Taïwan sur nos nombreux intérêts et valeurs partagés, à soutenir la participation significative de Taïwan à la communauté internationale, à approfondir nos liens économiques, conformément à notre politique d’« une seule Chine ».
Si notre politique n’a pas changé, ce qui a changé, c’est la coercition croissante de Pékin, qui tente par exemple de couper les relations de Taïwan avec les pays du monde entier et de l’empêcher de participer aux organisations internationales. Et Pékin s’est engagé dans une rhétorique et des activités de plus en plus provocatrices, comme le fait de faire voler des avions de l’Armée populaire de libération près de Taïwan presque quotidiennement. Ces paroles et ces actions sont profondément déstabilisantes. Elles risquent de provoquer des erreurs de calcul et menacent la paix et la stabilité du détroit de Taïwan. Comme nous l’avons constaté lors des discussions du président avec les alliés et les partenaires de la région indopacifique, le maintien de la paix et de la stabilité de part et d’autre du détroit n’est pas seulement un intérêt pour les États-Unis ; c’est une question d’intérêt international, essentielle à la sécurité et à la prospérité régionales et mondiales.
Comme le président Biden aime à le dire, le seul conflit pire qu’un conflit délibéré est un conflit accidentel. Nous gérerons cette relation de manière responsable afin d’éviter que cela ne se produise. Nous avons donné la priorité à la communication de crise et aux mesures de réduction des risques avec Pékin. Et sur cette question, comme sur toutes les autres, nous restons engagés en faveur d’un travail de diplomatie intense parallèlement à une concurrence intense.
Parallèlement à nos investissements, nos alignements et notre concurrence, nous collaborerons avec Pékin là où nos intérêts se rejoignent. Nous ne pouvons pas laisser les désaccords qui nous divisent nous empêcher d’avancer sur les priorités qui exigent que nous travaillions ensemble, pour le bien de nos peuples et pour le bien du monde.
À commencer par la question du climat. La Chine et les États-Unis ont connu des années d’impasse sur le climat, qui ont bloqué le monde entier, mais aussi des périodes de progrès, qui ont galvanisé le monde. La diplomatie climatique lancée en 2013 entre la Chine et les États-Unis a déclenché un élan mondial qui a abouti à l’accord de Paris. L’année dernière, lors de la COP26, les espoirs du monde ont été renforcés lorsque les États-Unis et la Chine ont publié leur déclaration commune de Glasgow pour travailler ensemble à la lutte contre les émissions, du méthane au charbon.
Le climat n’est pas une question d’idéologie. C’est une question de mathématiques. Il n’y a tout simplement aucun moyen de résoudre le problème du changement climatique sans le leadership de la Chine, le pays qui produit 28 % des émissions mondiales. L’Agence internationale de l’énergie a clairement indiqué que si la Chine s’en tenait à son plan actuel et que ses émissions n’atteignaient leur pic qu’en 2030, il faudrait que le reste du monde atteigne le niveau zéro d’ici 2035. Et cela n’est tout simplement pas possible.
Aujourd’hui, une vingtaine de pays sont responsables de 80 % des émissions. La Chine est au premier rang. Les États-Unis au deuxième. Si nous n’en faisons pas tous beaucoup plus, beaucoup plus vite, le coût financier et humain sera catastrophique. Mais il ne faut pas oublier que la concurrence en matière d’énergie propre et de politique climatique peut produire des résultats qui profitent à tous.
Les progrès que les États-Unis et la Chine réalisent ensemble, notamment par le biais du groupe de travail établi par la déclaration de Glasgow, sont essentiels si nous voulons réussir à éviter les pires conséquences de cette crise. J’invite la Chine à se joindre à nous pour accélérer le rythme de ces efforts communs.
De même, en ce qui concerne la pandémie de COVID-19, nos destins sont liés. Et nous sommes de tout cœur avec le peuple chinois qui doit faire face à cette dernière vague. Nous avons-nous-mêmes vécu une épreuve extrêmement douloureuse à cause de la COVID. C’est pourquoi nous sommes convaincus que tous les pays doivent travailler ensemble pour vacciner le monde, non pas en échange de faveurs ni de concessions politiques, mais pour la simple raison qu’aucun pays ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité. Et toutes les nations doivent partager de manière transparente les données et les échantillons concernant les nouveaux variants et les agents pathogènes émergents et ré-émergents, et veiller à ce que les experts y aient accès, afin de prévenir la prochaine pandémie tout en luttant contre la pandémie actuelle.
En matière de non-prolifération et de contrôle des armements, il est dans notre intérêt à tous de faire respecter les règles, les normes et les traités qui ont permis de réduire la propagation des armes de destruction massive. La Chine et les États-Unis doivent continuer à travailler ensemble, et avec d’autres pays, pour s’attaquer aux programmes nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord. Et nous restons prêts à discuter directement avec Pékin de nos responsabilités respectives en tant que puissances nucléaires.
Pour lutter contre les stupéfiants illégaux et illicites, en particulier les opioïdes synthétiques comme le fentanyl qui a tué plus de 100 000 Américains l’année dernière, nous voulons travailler avec la Chine pour empêcher les groupes internationaux de trafic de drogue d’obtenir les produits chimiques précurseurs, dont beaucoup proviennent de Chine.
Alors qu’une crise alimentaire mondiale menace les populations du monde entier, nous nous tournons vers la Chine, pays qui a réalisé de grandes choses dans le domaine de l’agriculture, pour qu’elle contribue à une réponse mondiale. La semaine dernière, aux Nations unies, les États-Unis ont convoqué une réunion des ministres des Affaires étrangères pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale. Nous avons invité la Chine à s’y joindre. Nous continuerons à le faire.
Et à mesure que l’économie mondiale se remet des ravages de la pandémie, la coordination macroéconomique mondiale entre les États-Unis et la Chine est essentielle, par le biais du G20, du FMI, d’autres instances et, bien sûr, au niveau bilatéral. Cela fait partie du attributions des deux plus grandes économies du monde.
En bref, nous travaillerons de manière constructive avec la Chine chaque fois que nous le pourrons, non pas pour nous rendre service, à nous ou à qui que ce soit d’autre, et jamais en échange de l’abandon de nos principes, mais parce que travailler ensemble pour résoudre les grands défis est ce que le monde attend des grandes puissances, et parce que c’est directement dans notre intérêt. Aucun pays ne devrait refuser de progresser sur des questions transnationales existentielles en raison de différences bilatérales.
L’ampleur et la portée du défi posé par la République populaire de Chine mettront la diplomatie américaine à l’épreuve comme jamais auparavant. Dans le cadre de mon programme de modernisation, je suis déterminé à donner au département d’État et à nos diplomates les outils dont ils ont besoin pour relever ce défi de front. Cela inclut la création d’une Maison de la Chine : une équipe intégrée à l’échelle du département qui coordonnera et mettra en œuvre notre politique dans tous les domaines et toutes les régions, en collaboration avec le Congrès si nécessaire. Et là, je me dois de mentionner une équipe exceptionnelle à notre ambassade à Pékin et dans nos consulats partout en Chine, dirigée par l’ambassadeur Nick Burns. Ils effectuent un travail exceptionnel tous les jours, et beaucoup d’entre eux ont effectué leur travail au cours des dernières semaines pendant ces confinements intenses à cause de la COVID. Malgré des conditions extrêmes, ils ont persévéré. Nous sommes reconnaissants à cette équipe formidable.
Je n’ai jamais été aussi convaincu du pouvoir et de l’objectif de la diplomatie américaine, ni aussi sûr de notre capacité à relever les défis de cette décennie décisive. Au peuple américain : engageons-nous à nouveau à investir dans nos forces essentielles, dans notre peuple, dans notre démocratie, dans notre esprit d’innovation. Comme le dit souvent le président Biden, il n’est jamais bon de parier contre l’Amérique. Mais misons sur nous-mêmes et gagnons la compétition pour l’avenir.
Aux pays du monde entier engagés dans la construction d’un avenir ouvert, sûr et prospère, faisons cause commune pour défendre les principes qui rendent notre progrès commun possible et défendons le droit de chaque nation à écrire son propre avenir. Et au peuple chinois : nous rivaliserons avec confiance, nous coopérerons partout où nous le pourrons, nous serons en désaccord là où nous le devrons. Nous ne voyons pas de conflit.
Il n’y a aucune raison pour que nos grandes nations ne puissent pas coexister pacifiquement, partager et contribuer ensemble au progrès humain. C’est à cela que se résume tout ce que j’ai dit aujourd’hui : faire avancer le progrès humain, laisser à nos enfants un monde plus pacifique, plus prospère et plus libre.
Merci beaucoup de votre attention. (Applaudissements.)