Département d’État des États-Unis
Secrétaire d’État Michael R. Pompeo
Le 23 septembre 2019
LE SECRÉTAIRE POMPEO : Merci à tous. Je souhaite remercier tous les dirigeants du monde présents ici aujourd’hui. Merci, M. le vice-président Pence, de vos travaux sur cette question. Je souhaite également particulièrement remercier le président Trump d’être un grand défenseur des personnes de foi du monde entier. La Bible dit « que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées. » C’est ce que nous faisons ici aujourd’hui.
Comme cela a été dit, la liberté de religion est menacée partout dans le monde et je souhaite inviter trois personnes à nous parler de leur lutte au nom de cette liberté première, cet important droit inaliénable. Je souhaite tout d’abord céder la parole à Dabrina Bet Temraz dont le père est emprisonné en Iran à cause de sa foi.
Dabrina, merci.
MLLE BET-TEMRAZ : Merci, M. le secrétaire Pompeo. Je souhaiterais remercier le président [Trump] d’avoir organiser cet important événement et de m’avoir donné la possibilité de vous faire part de mon témoignage.
Je m’appelle Dabrina Bet-Temraz. Je suis assyrienne d’Iran. Ma famille est harcelée de manière ciblée et continue par les autorités iraniennes depuis toujours. Aujourd’hui, des membres de ma famille et des amis sont injustement emprisonnés ou attendent leur procès.
Le 26 décembre 2014, des agents de sécurité ont pris d’assaut la maison familiale pendant la fête de Noël et ont arrêté tous les convives. Les autorités ont séparé les hommes des femmes, réalisé des fouilles au corps, saisi toutes les bibles et confisqué tous les effets personnels tels que les téléphones et ordinateurs portables ainsi que les pièces d’identité. Mon père a été mis en prison immédiatement. Ils lui ont rasé le crâne pour l’humilier et l’ont traité comme un terroriste, un criminel. Il a été mis au cachot pendant 65 jours et a été accusé d’évangélisme et d’activités religieuses illicites à domicile, entre autres chefs d’accusation faux équivalant à un acte à l’encontre de la sécurité nationale.
Aujourd’hui, mon père, le pasteur Victor Bet-Temraz, fait appel de sa peine de prison de 10 ans. Suite à son arrestation, mon frère Ramiel et quatre autres chrétiens ont été arrêtés lors d’un pique-nique à Téhéran. Aujourd’hui, il fait appel de sa peine de 4 mois de prison.
Dernièrement, en 2017, ma mère, Shamiram Issavi, a été arrêtée et interrogée par des agents du renseignement et de la sécurité nationale pendant des heures. Ils l’ont forcée à fournir des informations sur notre église et elle a été condamnée à cinq années de prison.
Lorsque j’étais en Iran, j’ai connu des expériences semblables. J’ai été arrêtée et détenue dans un centre carcéral pour hommes où il n’y avait aucun agent femme. Ils m’ont forcée à donner les noms des responsables de notre église et des informations sur leurs activités. J’ai réussi à m’échapper mais je ne peux pas oublier ceux qui sont restés là-bas : ma famille et les innocents qui purgent de lourdes peines pour avoir pratiqué leur foi de manière pacifique.
Depuis 2018, plus de 200 chrétiens ont été arrêtés et purgent de lourdes peines. Ils se trouvent actuellement en prison à purger de longues peines ou attendent leur procès. Les chrétiens d’Iran ne sont ni des politiciens ni des activistes de quelque sorte que ce soit, comme c’est le cas de ma famille. Ils sont tout simplement croyants et participent à des rassemblements de prière et de culte. Outre les chrétiens, d’autres confessions, y compris les Bahaïs, les musulmans sunnites et les soufis font également face à des discriminations et à de sévères restrictions de leur liberté de culte. J’implore la communauté internationale à s’unir ici pour demander à l’Iran de rendre des comptes quant au non-respect de la liberté de religion et de faire de la liberté de religion une priorité comme droit humain fondamental pour tous. Tout un chacun a le droit de pratiquer sa foi en toute sûreté, dans la paix et la dignité.
Merci. Merci, M. le secrétaire. (Applaudissements.)
LE SECRÉTAIRE POMPEO : Dabrina, merci. Merci de ce témoignage puissant. Nous allons maintenant donner la parole au rabbin Faiz Algaradi qui a fui le Yémen du fait de persécutions.
LE RABIN ALGARADI : Bonjour tout le monde. Je souhaite adresser mes sincères remerciements pour l’opportunité qui m’est donnée de partager mon témoignage. Si nous ne disons rien, nos luttes seront vaines.
Je m’appelle Faiz Algaradi, je suis rabbin juif yéménite, enseignant et militant des droits de l’homme. Au Yémen, j’ai été rabbin et fonctionnaire et j’ai été directeur de l’éducation et grand responsable de la communauté juive du Yémen pendant plus de 10 ans.
La culture et l’histoire juives au Yémen qui s’épanouissaient autrefois est aujourd’hui menacée d’extinction. Les synagogues, les maisons et cimetières juifs ont été détruits et les restes enlevés. Les arts, l’architecture et (inaudible) juifs ont été dépourvus de leur patrimoine juif. Les Torahs et les premiers manuscrits ont été volés et vendus dans le monde entier.
Ma communauté fait également face à des restrictions sévères, des soupçons erronés et une insécurité extrême. Bien que les représentants officiels du Yémen aient essayé de nous aider, nous avons été blâmés pour les maux sociaux et économiques. La communauté juive du Yémen a été systématiquement forcée à quitter le pays du fait des politiques de répression et des persécutions.
La montée des rebelles houthis a également forcé la plupart des membres de la communauté juive à s’exiler ou à émigrer contre leur gré. En 2007, j’ai été forcé de quitter le Yémen parce que je m’exprimais contre les discriminations, les abus et les enlèvements survenus dans la communauté de mon village. Dans ma province, les Juifs avaient trois choix : Se convertir à l’Islam, quitter le Yémen ou subir un génocide. Je compte parmi ceux qui ont décidé de partir. Ma femme, mes quatre enfants et moi avons quitté le Yémen en 2007. En 2009, nous avons obtenus le droit de vivre ici aux États-Unis et j’en serai toujours reconnaissant. Aujourd’hui j’ai l’honneur de m’adresser à vous en tant que fier citoyen des États-Unis.
Vous qui êtes présents ici aujourd’hui, sachez que des millions de personnes dans le monde entier ont besoin du même type d’aide que ma communauté. Veuillez faire en sorte que le monde soit plus sûr pour les générations actuelles et à venir, qu’elles puissent vivre et prospérer. Ensemble, nous pouvons éclairer tous les coins du monde. Nous devons travailler ensemble pour arrêter la discrimination, la persécution et la haine.
Que Dieu vous bénisse, que Dieu bénisse les États-Unis et qu’il bénisse tous les pays de la terre avec la paix, la santé, la liberté et la prospérité. Merci. (Applaudissements.)
LE SECRÉTAIRE POMPEO : Merci, M. le rabbin. Et dernièrement, je souhaite donner la parole à Jewher Ilham dont le père purge une peine de prison à perpétuité en Chine en tant que prisonnier de conscience.
MLLE ILHAM : Merci, M. le secrétaire Pompeo. Je m’appelle Jewher Ilham et je suis Ouïgoure. Je suis reconnaissante envers les États-Unis de m’avoir accordé l’opportunité de parler au nom de millions de Ouïgours qui restent silencieux dans l’ouest de la Chine. Le fait d’être Ouïgour est devenu un crime en Chine. Mon père, Ilham Tohti, est un économiste et chercheur de renom. Il n’a jamais fait la promotion du séparatisme mais il purge actuellement une peine de prison à perpétuité parce qu’il a choisi de parler du droit de croire en ce que vous choisissez de croire, du droit de culte et du droit de penser. La seule chose dont il est coupable et d’appeler publiquement au dialogue pacifique et à la réconciliation
Les autorités chinoises ciblent la religion pour s’assurer que les pratiquants ne répondent à aucun autre pouvoir plus grand que le parti communiste. En Chine, les autorités ont vandalisé ou détruit des églises, des temples et des mosquées dans tout le pays. Des croix et des minarets ont été remplacés par des marteaux et des faucilles. Les images spirituelles ont été remplacées par des photos des dirigeants autoritaires. Les dix commandements ont été remplacés par la propagande de l’État. Les enfants n’ont pas le droit de participer au culte. Nous voyons une éradication systématique des identités ethniques et religieuses minoritaires en Chine.
Beijing croit que l’Islam est une maladie qu’il faut traiter avec une poigne de fer. Des Ouïgours ont été arrêtés pour avoir prié, jeûné pour le Ramadan, porté une barbe ou simplement avoir dit as-salam alaykoum. Chaque jour, des millions de Ouïgours et membres d’autres minorités musulmanes en Chine sont victimes d’abus, drogués et subissent des lavages de cerveaux dans des camps de concentration de l’État. En dehors de ces camps, ils sont suivis à l’aide d’une surveillance de haute technologie. Les représentants officiels chinois réalisent des intrusions dans les maisons pour rechercher des signes de pratique religieuse.
Beijing prétend lutter contre le terrorisme. Le fait de prier n’est pas du terrorisme. Beijing prétend former des Ouïgours non qualifiés pour en faire des ouvriers productifs. Les médecins, les chercheurs et les professeurs d’université n’ont pas besoin de formations professionnelles. Beijing prétend lutter contre le séparatisme. La pratique de la religion et le fait de parler sa langue natale ne sont pas du séparatisme. Les autorités chinoises pensent que la religion et les croyants représentent une menace pour les sociétés pacifiques. C’est totalement faux. La foi est l’antidote de la haine, de la discrimination et de la brutalité parce que la foi engendre l’amour, la compassion et la tolérance.
Les États-Unis m’ont montré ce que les droits universels inscrits dans la Charte de l’ONU voulaient vraiment dire. Ces droits méritent qu’on se batte pour eux en Chine et partout dans le monde. Merci beaucoup. (Applaudissements.)
LE SECRÉTAIRE POMPEO : Merci, Jewher. Merci de nous avoir fait part de votre puissant témoignage. Et merci aux autres survivants ici présents aujourd’hui qui ont subi des persécutions du fait de leurs croyances, nous souhaitons saluer votre incroyable courage.
Avant de conclure, je souhaite attirer votre attention sur ce que le président Trump a mentionné : l’alliance pour la liberté de religion dans le monde annoncée en juillet par le département d’État. Il s’agit du projet de défense des droits de l’homme le plus ambitieux de notre génération. Nous cherchons à réunir des pays, des leaders confessionnels, des groupes de la société civile et des organisations internationales qui partagent les mêmes affinités pour promouvoir la liberté de religion d’une manière plus cohérente, organisée et puissante. Cette alliance est fondée sur l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».
Ainsi, si votre pays prend au sérieux les droits de l’homme et que vous comprenez les avantages connexes pour la paix, la sécurité et la prospérité, rejoignez- nous. Si votre pays défend la dignité humaine et la liberté de conscience, rejoignez-nous. Et si vous êtes dirigeant et que vous avez été émus par les témoignages que vous avez entendus aujourd’hui, rejoignez-nous. Que votre compassion pour eux se traduise par la liberté de religion pour d’autres. Vous pouvez contacter notre ambassadeur itinérant pour la liberté de religion, Sam Brownback. Il est disposé à parler de toute question relative à la liberté de religion.
L’ONU n’est aussi forte que ses membres souverains décident qu’elle le sera. Notre adhésion à nos principes n’est aussi forte que la confiance que nous avons en notre capacité de les exprimer. Je demande – et je prie ! – que vous nous aidiez à être une voix pour ceux qui n’en ont pas en rejoignant l’Alliance internationale pour la liberté religieuse.
Que Dieu bénisse les survivants ici aujourd’hui.
Que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique.
Et que Dieu bénisse les nations rassemblées ici.
Merci à tous. (Applaudissements.)