
SOUS-SECRETAIRE D’ETAT ADJOINT BISA WILLIAMS: CONFERENCE REGIONALE SUR LA LUTTE CONTRE L’EXTREMISME VIOLENT (CVE)
THEME “ENCOURAGER L’ESPRIT DE MODERATION AFIN DE CONSTRUIRE UNE PAIX DURABLE”
Discours:
• Mesdames et Messieurs. C’est un plaisir pour moi d’être de retour à Nouakchott. J’ai l’honneur de représenter les États-Unis à cet important événement aux côtés du Sous-Secrétaire Adjoint à la Sécurité Intérieure, M. Ronald Clark. Le gouvernement et le peuple Mauritaniens ont fait preuve de leadership essentiel dans la convocation de cette conférence dans le but de partager les expériences sur la meilleure façon de promouvoir le développement pacifique de la région et à la protéger contre l’extrémisme violent. Les questions que nous examinerons au cours des deux prochains jours concernent les nations de cette région et de mon propre pays. Des extrémistes violents ont recruté des hommes et des femmes des États-Unis et de l’Afrique de l’Ouest et du Nord pour commettre des atrocités contre leurs concitoyens. Nous nous réunissons ici aujourd’hui pour identifier et mettre en œuvre les meilleurs moyens afin d’endiguer ces activités et donc de mieux défendre nos citoyens. Le succès de la Mauritanie à cet égard est instructif pour nous tous.

• La Mauritanie et ses voisins sont confrontés à des défis de sécurité difficiles sur plusieurs fronts. Les forces de sécurité doivent protéger les personnes. Les États-Unis continueront à soutenir ces efforts. Nous sommes arrivés à être plus familiers avec le rôle joué par la sécurité nationale et les services du maintien de l’ordre pour répondre aux formes les plus violentes de ces défis. Les États-Unis continueront à soutenir les efforts de nos partenaires dans la région à cet égard. Cependant, je pense que tout le monde dans cette salle reconnaît que les terroristes ne seront pas défaits par la seule force des armes. Bien que nos militaires, notre renseignement et notre dispositif du maintien d’ordre soient essentiels à la défense contre les ravages de l’extrémisme violent dans ses formes actuelles, seule une stratégie véritablement globale, mobilisant un large éventail de parties prenantes, peut répondre à ses facteurs sous- jacents.
• Nous sommes confrontés à des ennemis dévoués à exploiter la haine, l’aliénation, la privation économique, et l’ignorance à leurs propres fins. Ces ennemis sont bien organisés, adaptables, et utilisent souvent des messages sophistiqués et des tactiques pour influencer les populations. Voilà pourquoi nous devons être solidaires à se soutenir l’un et l’autre et jurer de renforcer nos efforts collectifs visant à éliminer les racines de l’extrémisme violent dans toute la région et de prévenir la génération future de la menace extrémiste.
Et c’est aussi pour cela que le Président Obama a convoqué un sommet de la Maison Blanche en Février dernier. Comme beaucoup d’entre vous le savent, cette réunion a regroupé plus de 300 participants issus des gouvernements nationaux et locaux, la société civile, les organisations multilatérales et les communautés des affaires et confessions religieuses mondiales. C’était un nouveau et différent type de la conversation mondiale sur le terrorisme, car il a souligné la nécessité de (1) travailler de façon proactive pour lutter contre les facteurs sous-jacents de l’extrémisme violent, (2) inclure toute la société civile dans ce travail, (3) promouvoir le rôle de la bonne gouvernance afin de protéger et d’inclure tous les citoyens et (4) de maximiser l’impact en intégrant les approches nationales et locales, et gouvernementales et non-gouvernementales.
• Un message clé de ce sommet était que nous devons utiliser efficacement les talents, la créativité et les efforts de tous les citoyens pour promouvoir la tolérance et mettre en échec les efforts de recrutement et de radicalisation destinés aux populations vulnérables. En Février, le Secrétaire d’État John Kerry a noté que la plupart des travaux à venir seront « faits tranquillement, sans fanfare, dans les salles de classe, dans les centres communautaires, les lieux de travail, les lieux de culte, aux coins des rues urbaines, et dans les marchés de village».
• Au cours du Sommet de la Maison Blanche de Février sur la lutte contre l’extrémisme violent, le Président a discuté de plusieurs questions pertinentes pour les discussions de cette semaine:
– La première était la nécessité de résister aux idéologies tordues préconisées par les terroristes. Les groupes extrémistes violents abusent de la culture et la religion traditionnelles pour justifier des atrocités épouvantables, y compris le viol collectif et l’esclavage sexuel. En particulier, ils abusent de l’islam. Nous savons pourtant qu’en Afrique, ici en Mauritanie, il y a des érudits et des personnalités religieuses respectées qui pourraient discréditer un tel abus. Par exemple, la Mauritanie est un centre d’enseignement islamique. Ses érudits sont bien outillés pour répondre aux attaques faites au nom de la pratique de l’Islam et préconiser des messages de paix.
– Un autre thème que le Président Obama a soulevé était l’urgence de lutter contre la pauvreté et le manque d’opportunités économiques, en particulier chez les jeunes. Le Président a spécifiquement mis en garde contre la vulnérabilité des «personnes entièrement piégées dans les communautés pauvres, où il n’y a ni ordre et non plus de voie d’avancement, où il n’y a pas de possibilités d’éducation, où il n’y a pas de moyens pour soutenir les familles, et où l’on ne peut échapper à l’injustice et les humiliations de la corruption- qui alimentent l’instabilité et le désordre, et rend ces communautés prêtes pour le recrutement des extrémistes».
O Je suis particulièrement préoccupée par le grand nombre de camps de réfugiés et de personnes déplacées dans la région qui constituent une vulnérabilité particulièrement grave. Plusieurs Etats de la région du Sahel sont aux prises avec le défi de la gestion des camps de réfugiés et de personnes déplacées. Des années de conflits non résolus dans les pays voisins font que les réfugiés perdent espoir et deviennent plus vulnérables au recrutement, à la radicalisation, et à l’exploitation par des groupes extrémistes violents. Nous devons remédier à cette situation de crainte que ces populations agitées et les camps ne deviennent des incubateurs de l’extrémisme violent.
– Un troisième thème important pour le Président Obama était la prévalence des griefs politiques que les terroristes exploitent. Une fois de plus, tandis que les griefs politiques peuvent prendre de nombreuses formes, les extrémistes violents cherchent clairement des individus et des groupes aigris par le manque de responsabilité gouvernementale, le déni des droits humains fondamentaux, et le manque de possibilités de participation politique ou sociale. Promouvoir la bonne gouvernance et la protection des droits des minorités ne sont pas seulement ce qu’il convient de faire, elles sont des impératifs de sécurité.
• C’est dans ce cadre que le Président Obama a décrit certains des facteurs d’incitation qui rendent les gens plus vulnérables à la radicalisation par les extrémistes violents, qui ensuite exercent leurs messages et leurs idéologies pour attirer les individus, et même des communautés entières, vers leur orbite.
• La perturbation de ces facteurs à la fois d’incitation et d’attraction exige une approche de «l’ensemble de la société». L’agenda de CVE est fondamentalement constructif et positif. Il vise à répondre aux besoins humains concrets et l’autonomisation des communautés physiquement, psychologiquement et intellectuellement afin de résister aux mensonges et distorsions de l’extrémisme.
• Le Sommet CVE de Février a souligné quelques domaines qui restent d’une importance capitale que nous avançons:
– Premièrement, l’importance d’identifier les facteurs de l’extrémisme violent, les facteurs locaux particulièrement critiques, et l’importance de créer et de maintenir des réseaux gouvernementaux, non gouvernementaux, et des entreprises contre l’extrémisme violent. Au cours de cette dernière année, une série d’initiatives, des conférences, et des plans d’action ont été élaborés pour promouvoir ces deux processus d’apprentissage et ces réseaux locaux, régionaux et mondiaux vitaux. Pour donner un élan à cet effort, nous parrainons une Conférence Internationale CVE sur la Recherche en Septembre à New York, qui aboutira au lancement d’un réseau mondial de chercheurs locaux pour effectuer une analyse à base communautaire sur les facteurs de l’extrémisme violent et faciliter la conception , le financement et la diffusion de la recherche liée à CVE. J’encourage les participants à ce sommet de contribuer en soutenant et en partageant les recherches similaires pour mieux identifier les facteurs clés de l’extrémisme violent en Afrique et souligner les efforts prometteurs pour y remédier.
– Deuxièmement, la valeur de l’autonomisation d’un large éventail de partenaires dans la lutte contre l’extrémisme violent, avec un accent particulier sur les jeunes, les chefs religieux, les femmes, et les victimes de l’extrémisme violent. Les groupes locaux sont les mieux placés pour diriger les efforts afin de lutter contre l’extrémisme violent, car ils ont souvent la plus grande connaissance et la crédibilité pour répondre à ses facteurs sous- jacents.
– Nous devrions souligner en outre l’importance de l’engagement des femmes et des filles comme des acteurs du changement importants, car elles sont également en première ligne dans cette lutte. Les groupes extrémistes violents comprennent le rôle essentiel que jouent les femmes dans l’éducation de leurs enfants et la transmission des valeurs au sein de leurs communautés, et ils ciblent de plus en plus les femmes et les filles comme des recrues. Nous devons être tout aussi proactifs en intégrant les femmes dans notre réponse, en tant qu’actrices au sein des gouvernements, des services de sécurité et de la société civile.
– Troisièmement, nous devons renforcer la protection des droits humains pour les membres de l’ensemble de nos communautés. Lorsque toutes les communautés se sentent protégées et respectées par la loi, les extrémistes violents ont du mal à exploiter les sentiments de marginalisation. Nous pouvons éviter ce piège en travaillant maintenant pour renforcer la confiance mutuelle et le respect entre la police et les forces de sécurité et les communautés à risque, et en améliorant la responsabilisation et le respect des droits humains au sein de ces forces. Ces membres des forces de sécurité doivent être formés, payés et bien dirigés. Le gouvernement et les forces de l’ordre peuvent manifester leur engagement envers les communautés qu’ils sont censés servir et aider à soulager les tensions qu’exploitent les extrémistes violents.
– Et quatrièmement, pour faire face à l’idéologie tordue, nous devons amplifier les voix authentiques des communautés à risque. Cela signifie l’autonomisation des médias traditionnels et sociaux pour discréditer les messages des extrémistes violents avec des voix crédibles, tout en offrant des solutions de rechange positives et stimulantes.
• Après le Sommet de la Maison Blanche sur la lutte contre l’extrémisme violent en Février, des sommets régionaux ont été convoqués pour fournir aux gouvernements nationaux, chefs religieux, représentants des collectivités locales, société civile, secteur privé et aux universitaires l’occasion d’échanger les idées et élaborer des stratégies ou des plans d’action appropriés pour la région.
• En plus de l’organisation du gouvernement mauritanien de cette conférence régionale, le mois dernier le Ministère mauritanien de la Jeunesse et des Sports a organisé une conférence régionale qui a consacré une journée à la promotion d’un réseau régional de la jeunesse pour soutenir le développement durable et pour défendre les jeunes contre les appels destructeurs des extrémistes violents. Ceci est un excellent exemple de résultat concret spécifique d’une conférence régionale.
• En Septembre, une conférence mondiale se tiendra en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York pour examiner les progrès accomplis au cours de l’année écoulée et identifier la voie à suivre. Notre espoir est qu’à l’issue des discussions au cours des deux prochains jours, des idées encore plus utiles pouvant être partagées en Septembre puissent émerger.
• Encore une fois, j’apprécie grandement le leadership dont ont fait preuve le Président Aziz et son gouvernement dans ce domaine. Nous reconnaissons qu’il y a des décideurs exerçant une influence significative provenant d’autres gouvernements et de la société civile ici dans la conférence et nous apprécions grandement aussi votre engagement.
Je vous remercie de votre aimable attention et c’est avec un grand plaisir que je participerai aux discussions aujourd’hui.