Département d’État des États-Unis
Tibor P. Nagy Jr, secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines
Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants
Le 12 décembre 2018
Je remercie le président Royce, le membre de haut rang Engel et les membres de la Commission de me donner l’occasion de témoigner aujourd’hui de la politique des États-Unis à l’égard de l’Afrique, ainsi que mon collègue et ami Ramsey Day de l’USAID qui est ici aujourd’hui avec moi. Je tiens également à exprimer ma gratitude au président Royce et aux autres membres pour l’intérêt que vous portez depuis longtemps à l’Afrique.
La séance d’aujourd’hui arrive à point nommé. Nous nous trouvons à un tournant des relations entre les États-Unis et les nations et les peuples d’Afrique. L’Afrique est confrontée à un avenir incertain et difficile, mais en aucun cas prédéterminé. Les choix que nous faisons aujourd’hui auront non seulement des répercussions sur nos relations avec le continent, mais auront aussi des conséquences sur le reste du monde.
L’Afrique est confrontée à un tsunami démographique. Sa population doublera d’ici 2050 pour atteindre près de 2,5 milliards d’habitants, dont 50 pour cent seront âgés de moins de 24 ans. Les défis en matière d’infrastructure, de corruption et de terrorisme persistent, et la Chine s’affirme sur le continent en matière économique, militaire et politique. Nous devons rester une alternative positive et indiquer clairement que l’engagement avec les États-Unis sera synonyme d’une plus grande prospérité et d’une plus grande sécurité pour l’Afrique.
J’ai beaucoup de chance d’occuper mon poste actuel. Pratiquement l’ensemble de ma carrière a été centrée sur l’Afrique, vivant en grande partie là-bas, dans huit pays différents. Depuis ma première affectation diplomatique, il y a quarante ans, l’Afrique a radicalement changé.
J’ai récemment conclu deux voyages sur le continent, en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, où je me suis également rendu à l’Union africaine. Je peux vous assurer ceci : notre potentiel avec l’Afrique est illimité ! À chaque défi existe une opportunité, et nous devons tirer parti de nos réussites.
J’aimerais ici exposer certains des domaines d’intervention du Bureau des affaires africaines.
Premièrement, nous encourageons le renforcement du commerce et des liens commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique, en travaillant avec nos partenaires africains pour établir des conditions équitables sur l’ensemble des marchés du continent. Les gouvernements africains doivent renforcer la transparence et l’équité dans leurs environnements commerciaux afin d’attirer davantage d’entreprises, et doivent avoir des politiques prévisibles, de lois conformes aux normes internationales et un processus crédible de règlement des différends.
Deuxièmement, plus de 60 pour cent de l’Afrique subsaharienne, soit 600 millions de personnes, a moins de 25 ans, représentant 40 pour cent des chômeurs de l’Afrique subsaharienne. Nous nous efforçons de rapprocher l’investissement et l’ingéniosité américains et le dynamisme et l’esprit d’entreprise des jeunes Africains, en les ancrant dans leur pays et en les empêchant d’avoir recours à la migration, au militantisme ou au crime.
Un troisième domaine est celui de la promotion de la paix et la sécurité par le biais de partenariats avec les gouvernements africains et de mécanismes régionaux efficaces.
Enfin, nous nous attachons à lutter contre le discours chinois et à rectifier les faits. Les États-Unis sont engagés depuis longtemps en faveur de l’Afrique, en tant que partenaire soutenant positivement la croissance économique, la bonne gouvernance, l’état de droit, le renforcement de l’égalité des sexes et la santé des populations africaines.
Permettez-moi de commencer par la promotion de liens plus étroits en matière de commerce et d’investissement. Partout où je m’adresse à un public africain, je souligne que nous cherchons à faire des affaires pas simplement en Afrique, mais aussi avec l’Afrique.
Notre promotion des accords de libre-échange avec les États-Unis communique aux Africains l’idée que la transparence, l’équité et la bonne gouvernance attirent les investissements américains, et nous espérons négocier un tout premier accord de libre-échange avec un pays d’Afrique subsaharienne.
Le commerce s’est considérablement développé. En vertu de la loi African Growth and Opportunity Act (AGOA – loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique), les investissements des États-Unis en Afrique subsaharienne sont passés, entre 2000 et 2016, de 7 à 29 milliards de dollars, offrant des opportunités à des centaines de milliers d’Africains. Depuis 2000, les exportations américaines vers l’Afrique sont passées de 6 à plus de 14 milliards de dollars l’an dernier, et les importations américaines en provenance de l’Afrique ont totalisé près de 25 milliards de dollars, soit des échanges bilatéraux totalisant 39 milliards de dollars en 2017, en hausse de 5,8 pour cent par rapport à 2015.
La Millennium Challenge Corporation des États-Unis – ou MCC – fournit une aide aux pays les plus pauvres du monde qui font preuve d’engagement en faveur de la bonne gouvernance, de la liberté économique et de l’investissement dans leurs citoyens. Cette semaine, j’ai assisté à une cérémonie avec le secrétaire Pompeo, au cours de laquelle le MCC et le gouvernement du Sénégal ont signé un compact de 550 millions de dollars qui modernisera le secteur énergétique au Sénégal afin d’accroître la croissance économique et de réduire la pauvreté par un meilleur accès à l’électricité.
Le BUILD Act, que le président Trump a promulgué en octobre avec un fort soutien bipartisan, verra la création de l’International Development Finance Corporation des États-Unis. Cette nouvelle loi consolide, modernise et réforme les capacités de « financement du développement » du gouvernement des États-Unis. L’Afrique est la plus grande région concernée, totalisant plus de six milliards de dollars, et le BUILD Act aidera à mobiliser des investissements supplémentaires du secteur privé.
Avec notre deuxième objectif, nous allons au-delà de l’investissement en Afrique, pour investir dans les Africains.
Grâce à l’Initiative des jeunes leaders africains, ou YALI (Young African Leaders Initiative), nous dotons la prochaine génération d’Africains de compétences en leadership et en entrepreneuriat. Le réseau YALI, une communauté virtuelle de plus d’un demi-million de membres, aide les jeunes Africains à développer les compétences et connexions nécessaires pour introduire des changements dans leurs communautés.
Notre troisième axe, la promotion de la paix et de la sécurité, est essentiel pour garantir les opportunités et la prospérité de l’Afrique. Nous soutenons les actions menées par les Africains contre le terrorisme et les autres menaces transnationales. L’aide des États-Unis a permis d’obtenir certains résultats dans la région du lac Tchad, en Somalie et ailleurs, et nous cherchons des possibilités de partager la charge également avec des acteurs non africains.
Nous avons dispensé des formations à des Casques bleus de plus de 20 pays africains, qui ont eu un impact considérable. Il y a dix ans, les Africains ne représentaient que 40 pour cent des Casques bleus du continent. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse les 60 pour cent. Les programmes financés par les États-Unis sont essentiels pour ces forces, au même titre qu’ils le sont pour la Force conjointe du G5 Sahel et les actions déployées par les Africains dans la région du lac Tchad pour lutter contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest.
Nos partenaires africains s’efforcent également d’assurer la stabilité et de vaincre les organisations terroristes en Afrique de l’Est. La mission de l’AMISOM composée d’États régionaux aide la Somalie à devenir plus stable et plus prospère, et nous fournissons une aide au développement et à la sécurité pour que les Somaliens puissent se gouverner eux-mêmes.
En outre, nous soutenons les mesures déployées par les partenaires africains pour renforcer leur sécurité maritime et frontalière et leurs actions pour lutter contre le trafic d’armes, de drogues et d’espèces sauvages.
Enfin, nous voulons que tous les Africains sachent clairement que les États-Unis s’engagent indéfectiblement en faveur du continent, comme en témoignent leurs partenariats de longue date et leur soutien à la bonne gouvernance, à la sécurité, aux droits de l’homme et à la croissance économique, ainsi que la fourniture d’aide humanitaire.
Les pays africains doivent savoir que certains projets d’infrastructure et des conditions de prêt apparemment séduisantes de la part d’autres pays peuvent mener vers la voie dangereuse de l’endettement, au défaut de paiement des prêts et à l’extraction des ressources naturelles à des concessions de faveurs, étouffant la croissance économique nécessaire pour créer des emplois.
En revanche, les États-Unis poursuivent des alternatives durables pour la croissance et le développement africains. Des programmes américains comme l’AGOA, le PEPFAR, Power Africa et Feed the Future ont ouvert le marché américain aux produits africains, combattu le VIH/sida, électrifié les zones rurales, protégé les femmes et les enfants vulnérables, soutenu les jeunes entrepreneurs et aidé les Africains d’innombrables façons.
Alors que nous continuons de nous engager avec l’Afrique, nous devons évaluer la meilleure façon de travailler avec chaque pays et les institutions multilatérales pour faire progresser nos intérêts et priorités mutuels.
Le département d’État ne peut y parvenir seul ; nous devons en permanence synchroniser notre approche parmi tous les éléments du pouvoir national. Ce n’est qu’en équilibrant les ressources entre le développement, la diplomatie et la défense que nous pourrons parler d’une voix coordonnée aux gouvernements et aux peuples d’Afrique.
Je n’exagère pas quand je dis que l’Afrique est le continent de l’avenir, mais un avenir imaginé par les Africains et non pas un avenir perçu comme imposé. Le succès doit venir en fin de compte du développement de solutions africaines aux problèmes africains. Nous devons regarder l’Afrique à travers le pare-brise et NON pas dans le rétroviseur.
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de prendre la parole aujourd’hui. J’attends avec impatience votre soutien alors que notre nation poursuit son engagement avec l’Afrique.