Mission des États-Unis auprès des Nations unies
Le 24 avril 2019
Ambassadeur Jonathan Cohen
Représentant permanent par intérim
Merci, monsieur le président.
Au cours d’une réunion selon la formule Arria en décembre 2018 portant sur la situation des personnes handicapées dans les zones de conflit, les États-Unis s’étaient engagés à soulever plus systématiquement la question des personnes handicapées devant le Conseil. Nous sommes très heureux de voir le Conseil agir en ce sens aujourd’hui. Nous tenons à remercier madame Mustafa d’avoir partagé son histoire et ses points de vue, et pour assurer que les Syriens atteints d’un handicap ne seront jamais invisibles pour ce Conseil. Pour notre part, les États-Unis continueront à plaider en faveur des besoins des personnes en situation de handicap lors de la planification, la coordination et la mise en place de l’aide humanitaire en Syrie, et ailleurs.
Monsieur le président, de nombreux rapports des Nations unies décrivent en détail le recours barbare et systématique à des détentions arbitraires de centaines de milliers de civils syriens par le régime d’Assad. Les États-Unis poursuivront leur quête de responsabilité et de justice pour les personnes détenues arbitrairement ou illégalement et pour les personnes disparues en Syrie. Ce sera nécessaire tandis que la transition politique en Syrie progresse sous la direction de l’Envoyé spécial M. Pedersen conformément à la résolution 2254.
Les États-Unis appuient fermement un troisième convoi humanitaire sous l’égide des Nations unies pour le camp de Rukban de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Malheureusement, monsieur le président, nous l’avons entendu, le régime d’Assad a refusé la requête des Nations unies. Nous croyons aussi savoir que la circulation commerciale vers le camp est bloquée. Affamer les résidents de Rukban pour qu’ils se soumettent est inacceptable. Les États-Unis condamnent toute tentative d’empêcher les Nations unies de livrer l’aide humanitaire. Tandis que les résidents du camp de Rukban se préparent pour le mois sacré du Ramadan, nous demandons à Moscou d’obtenir l’accord de Damas pour fournir immédiatement une aide humanitaire à Rukban et mettre fin au blocage de la circulation commerciale dans le camp.
Des discussions récentes au sein de la communauté humanitaire et dans la presse ont encore une fois mis en lumière l’assistance transfrontalière. Cette aide continue à être une bouée de sauvetage indispensable pour plus de 11 million d’habitants à l’intérieur de la Syrie. Le Conseil de sécurité doit rester uni dans son soutien pour la mise en œuvre intégrale du mécanisme humanitaire transfrontalier autorisé par la résolution 2449 en décembre.
Les États-Unis sont vivement préoccupés par les tentatives récentes de la Russie et de la Chine à la Cinquième commission de l’Assemblée générale de l’ONU cherchant à politiser et à affaiblir l’autorisation unanime du Conseil de sécurité concernant les opérations humanitaires transfrontalières en proposant de réduire les coûts opérationnels du mécanisme. Ces tentatives sont difficilement conciliables avec la nécessité vitale de l’aide humanitaire transfrontalière des Nations unies au profit de la population syrienne.
Monsieur le président, les États-Unis appellent tous les membres du Conseil, ainsi que nos partenaires régionaux, à veiller à ce que les Nations unies disposent de la capacité opérationnelle pour mettre en place les livraisons transfrontalières de l’aide humanitaire par tous les passages frontaliers convenus conformément à la résolution 2449. Personne ne devrait politiser ou tenter de dicter les opérations des Nations unies pour la livraison de l’aide transfrontalière en Syrie. Ni le régime d’Assad. Ni la fédération de Russie. Personne.
Le régime d’Assad continue à privilégier la fourniture de l’aide humanitaire, y compris l’assistance transfrontalière, uniquement aux régions sous le contrôle des forces armées du régime. Pourtant, même les zones sous contrôle du régime, comme les gouvernorats de Quneitra et de Dara’a dans le sud-est de la Syrie, doivent se battre et dépendent d’autorisations délibérément différées par les responsables du régime à Damas. Ces retards dans les approbations du régime pour des demandes d’accès humanitaire de routine soulignent l’importance de la poursuite sans entrave des opérations transfrontalières depuis les quatre passages transfrontaliers, y compris le passage d’al-Ramtha depuis la Jordanie, qui représente une route directe pour atteindre les centaines de milliers de personnes dans le besoin dans le sud-ouest de la Syrie.
Les États-Unis demeurent résolus à faire respecter les principes généraux pour le retour librement consenti, en toute sécurité et dans la dignité des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des réfugiés. Ils devraient revenir uniquement quand ils le décident. Ils devraient pouvoir choisir leur destination. Ils devraient avoir accès à des documents civils adéquats indispensables pour exercer leurs droits juridiques. Ils devraient pouvoir rentrer en possession de leurs biens, et si ce n’est pas possible, ils devraient être dédommagés de manière appropriée. Et ils ne devraient pas craindre d’être victimes de disparition, de détention illicite et de conscription forcée.
Enfin, monsieur le président, les États-Unis s’alarment de l’augmentation ce mois-ci des frappes aériennes russes et du régime dans le gouvernorat d’Idlib qui ont fait de nombreux morts et plus de 110 000 personnes déplacées. La position des États-Unis concernant Idlib est clair – le cessez-le-feu de septembre 2018 entre la Russie et la Turquie doit être respecté. Toute escalade militaire, y compris le recours aux armes chimiques, par le régime et ses alliés à Idlib, serait catastrophique dans cet endroit, et pour la stabilité des voisins de la Syrie, et l’ensemble de la région.
Je vous remercie.