Département d’État des États-Unis
Université George Mason – Fairfax, Virginie
Le 6 mars 2018
Merci, Dr Cabrera, je suis toujours ravi de rencontrer un ancien du programme Fullbright et un confrère ingénieur. Nous remercions l’Université George Mason de nous accueillir et le programme des études africaines et afro-américaines de l’université pour son travail sur quelques-uns des importants sujets que nous allons couvrir ce matin.
Plus tard aujourd’hui, j’entame ma première visite officielle en Afrique subsaharienne, pas mon premier voyage en Afrique, car j’y suis allé de nombreuses fois, dans le passé. C’est un voyage que nous avons commencé à préparer en novembre, lors de la réunion ministérielle qui a rassemblé 37 pays africains et l’Union africaine. Notre conversation s’était alors centrée sur les questions relatives à la lutte contre le terrorisme, à la démocratie et à la gouvernance, ainsi que sur le renforcement des échanges commerciaux et des liens d’investissement avec le continent, thèmes que j’aborderai dans un instant.
J’ai passé pas mal de temps en Afrique dans le passé. Je suis intimement convaincu qu’il existe d’énormes possibilités sur le continent, tant pour la croissance économique, pour une prospérité accrue, que pour répondre aux défis mondiaux par le biais de partenariats mutuels fondés sur le respect. Je me réjouis d’y retourner et de poser les bases fortes des relations entre les États-Unis et l’Afrique. Et ma visite inclut une escale au Tchad, pays qui n’a encore jamais accueilli de secrétaire d’État des États-Unis.
Au cours du siècle passé, alors que les nations africaines émergeaient de leur passé colonial, nous avons pu voir une forte augmentation de l’implication américaine en Afrique. Le département d’État a créé le bureau des Affaires africaines en 1958, un an après la visite du vice-président de l’époque, M. Richard Nixon, sur le continent. Le Ghana avait alors invité à la fois le vice-président et Martin Luther King Jr à assister à la fête de l’indépendance, un événement qui remonte à 61 ans aujourd’hui, jour pour jour.
Quelques années plus tard, le président John F. Kennedy a créé l’USAID avec pour objectif le développement de l’Afrique et nos premiers bénévoles du Peace Corps arrivaient au Ghana et en Tanzanie. Il y a quarante ans ce mois-ci, le président Jimmy Carter s’est rendu au Liberia et au Nigeria, où il a annoncé que « notre pays s’est tourné de manière sans précédent vers l’Afrique ».
Aujourd’hui, le pays continue à se tourner vers le continent. La sécurité de notre pays et sa prospérité économique sont liées à celles de l’Afrique comme jamais auparavant. Cela ne fera que s’intensifier dans les décennies à venir, pour les raisons suivantes :
Tout d’abord : la mutation démographique. D’ici 2030, l’Afrique représentera près d’un quart de la main d’œuvre mondiale. D’ici 2050, la population du continent devrait doubler pour atteindre plus de 2,5 milliards d’habitants, dont 70 % âgés de moins de 30 ans.
Et deuxièmement : l’Afrique connaît une croissance économique considérable. La Banque mondiale estime que six des dix économies qui connaissent la plus forte croissance au monde cette année seront en Afrique.
Pour vous donner une idée, d’ici 2050, la population du Nigeria dépassera celle des États-Unis et son économie dépassera celle de l’Australie.
Pour comprendre où va le monde, nous devons comprendre que l’avenir, c’est l’Afrique. Les pays d’Afrique compteront pour de plus en plus dans les nombreux défis mondiaux en matière de sécurité et de développement, ainsi que pour les vastes débouchés de croissance économique et d’influence.
Bien que l’Afrique regorge de diversité – diversité des personnes, des cultures et des régimes politiques –, il y existe des défis et débouchés communs. La vitalité de l’Afrique se manifeste au sein de sa jeunesse, cependant, une population croissante de jeunes exige davantage d’emplois. Alors que davantage d’Africains émergent de la pauvreté, les pays exigeront davantage d’infrastructures et plus de développement. Si ce nombre croissant de jeunes reste sans emploi ou sans espoir pour l’avenir, de nouvelles voies émergeront pour permettre aux terroristes d’exploiter la génération suivante, pour miner sa stabilité et faire dérailler les États démocratiques. Les dirigeants seront mis au défi d’innover afin de gérer les ressources financières limitées.
Alors que nous nous tournons vers l’avenir, cette administration cherche à approfondir ses partenariats en Afrique, avec pour but de rendre les pays d’Afrique plus résilients et plus autosuffisants. Cela profite à nos partenaires et cela profite aux États-Unis également en créant un avenir stable pour nos enfants et petits-enfants.
Cet avenir de stabilité dépend de la sécurité, la condition sine qua non de la prospérité économique et d’institutions plus fortes. Sans elle, aucune des autres pièces du puzzle ne peuvent être mises en place.
Aujourd’hui, la longue portée du terrorisme menace de dérober l’avenir d’innombrables personnes. Au mois d’août, nous commémorerons les centaines de vies perdues il y a vingt ans dans les attaques contre les ambassades des États-Unis à Nairobi et Dar-es-Salaam… des centaines de personnes y ont perdu la vie.
Depuis lors, des milliers d’autres personnes ont été tuées par des terroristes en Afrique. Les attentats terroristes sont passés de moins de 300 en 2009 à plus de 1 500 par an en 2015, 2016 et 2017. Et plus récemment, nous avons vécu encore une fois le déchirement de l’enlèvement de plus d’une centaine d’écolières nigérianes, arrachées à leur famille, et dont l’avenir sera changé à jamais.
La semaine dernière, en réaction à cette menace croissante, j’ai désigné sept groupes affiliés à Daech, y compris l’État islamique en Afrique de l’Ouest et Daech-Somalie, ainsi que leurs dirigeants, et les États-Unis les ont sanctionnés, dans le but de tarir les ressources que ces groupes utilisent pour commettre des attentats.
Pour l’emporter face à de telles forces du mal, les États-Unis se sont engagés à travailler avec des partenaires africains pour débarrasser le continent et le reste du monde du terrorisme en prenant en charge les causes du conflit, qui mènent à la radicalisation et au recrutement en premier lieu, et en renforçant les capacités institutionnelles des forces de l’ordre des pays africains. Nous souhaitons aider les États africains à assurer la sécurité de leurs citoyens de manière légale.
Aujourd’hui, les pays africains montent au créneau et agissent, consentant aux sacrifices qui accompagnent un tel engagement.
Le terrorisme ne connaît aucune frontière. Au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, Boko Haram, l’État islamique en Afrique de l’Ouest, Al-Qaïda au Maghreb islamique et d’autres groupes sont adaptables, résilients et capables de lancer des attaques dans toute la zone. La coopération régionale est essentielle pour empêcher ces attentats de se produire et priver les terroristes de la capacité de planifier et exécuter d’autres attentats à l’avenir.
La Force multinationale conjointe (la MNJTF), créée par le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Bénin et le Cameroun, ainsi que le Groupe des cinq pays du Sahel, le G5-Sahel, composé du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, mettent en commun leur expertise et leurs ressources. Leur travail est essentiel pour trouver des solutions africaines au terrorisme et à l’instabilité.
En octobre dernier, j’ai annoncé que les États-Unis contribueraient davantage à ces efforts régionaux. Nous avons engagé jusqu’à 60 millions de dollars dans les efforts de lutte contre le terrorisme du G5-Sahel, pour lui permettre de former et d’équiper les membres de la force conjointe et de lutter contre la propagande dans toutes ces communautés.
En outre, depuis plus d’une dizaine d’années, les États-Unis soutiennent le Partenariat transsaharien contre le terrorisme pour dispenser des formations et promouvoir la coopération entre l’armée, les forces de l’ordre et les acteurs civils en Afrique du Nord et de l’Ouest. Nous avons élaboré une approche semblable en Afrique de l’Est avec le Partenariat pour la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Est ou PREACT. Depuis 2016, par le biais de ces partenariats, les États-Unis ont contribué à hauteur de plus de 140 millions de dollars pour aider les partenaires à prévenir l’installation de sanctuaires terroristes et le recrutement.
Les États-Unis sont reconnaissants du leadership de l’Union africaine, de son rôle croissant et multilatéral. La mission de l’UA en Somalie, l’AMISOM, compte des troupes de cinq pays africains, qui stabilisent les zones attaquées par les Chabab et permettent ainsi à une aide absolument nécessaire d’atteindre la population somalienne. Je me réjouis de rencontrer le président de la Commission de l’UA, M. Faki, lors de ma visite dont le but sera d’explorer d’autres possibilités de travailler ensemble pour lutter contre le terrorisme sur le continent.
Le rôle des États-Unis dans ces efforts, de même que dans d’autres efforts régionaux et multilatéraux, consiste à renforcer les capacités – et non pas la dépendance – pour que nos partenaires puissent assurer leur propre sécurité. Cela s’applique également à notre approche en matière de maintien de la paix sur le continent.
En tant que premier contributeur du renforcement des capacités en matière de maintien de la paix en Afrique, les États-Unis forment, déploient et entretiennent des forces qui offrent un soutien en matière de lutte contre le terrorisme, de neutralisation des mines terrestres et de facilitation des passations de pouvoir pacifiques. Cela instaure la sécurité qui permet aux soins de santé, à la nourriture et à d’autres services d’atteindre les zones qui en ont besoin.
L’an dernier, les États-Unis ont soutenu plus de 27 000 Casques bleus africains provenant de plus de 20 pays. Ici, encore une fois, davantage de pays africains ont pris leur destin en main. Il y a une dizaine d’années, les Africains ne représentaient que 20 % des forces de maintien de la paix sur le continent. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse les 50 %.
Alors que nous soutenons d’importants efforts en matière de sécurité, nous devons œuvrer de manière à trouver des solutions diplomatiques durables aux conflits qui causent tant de souffrances humaines. Tant que nous n’y serons pas parvenus, les États-Unis, le premier fournisseur d’aide humanitaire au monde, continuera à se tenir aux côtés des plus vulnérables.
En témoignage de cet engagement, j’annonce aujourd’hui près de 533 millions de dollars supplémentaires en aide humanitaire pour lutter contre la famine et l’insécurité alimentaire et prendre en charge les autres besoins qui découlent des conflits en Somalie, au Soudan du Sud, en Éthiopie et dans le bassin du lac Tchad. Les niveaux alarmants de la faim dans ces zones sont en grande partie dus à des facteurs humains, alors que les conflits éclatent et que les gens quittent leur foyer. Dans ces conditions, les populations ne peuvent plus travailler la terre et perdent souvent tout accès aux sources de nourriture, à l’éducation et aux soins de santé. Beaucoup perdent tout. Par ailleurs, mère Nature peut encore être cruelle, comme c’est le cas dans la Corne de l’Afrique où la sécheresse prolongée contribue à une grave insécurité alimentaire.
Ces fonds supplémentaires permettront d’assurer des stocks de nourriture d’urgence, une assistance alimentaire et d’autres éléments d’aide, y compris de l’eau potable, des milliers de tonnes d’aliments et des programmes de soins de santé pour prévenir la propagation de maladies mortelles telles que le choléra, susceptibles de contaminer des millions de personnes. Ces fonds sauveront des vies.
Les Américains, comme toujours, sont prêts à être partenaires des pays africains pour veiller à ce que leurs populations les plus vulnérables reçoivent une assistance qui pourra leur sauver la vie. Nous appelons les autres pays à se joindre à nous pour répondre aux besoins humanitaires croissants en Afrique. Nous espérons que ces contributions initiales encourageront d’autres à réaliser des contributions sous forme d’aide, de manière à ce que la charge en soit mieux répartie et à ce que les besoins humanitaires croissants en Afrique soient satisfaits.
Cependant, cette assistance ne résoudra pas les conflits en cours, elle nous fera seulement gagner du temps, le temps de trouver des solutions diplomatiques.
De même que bon nombre de pays africains assument plus de responsabilités pour prendre en charge leurs besoins au niveau national, les États-Unis ont également besoin que leurs partenaires jouent un rôle actif sur la scène internationale. Un des domaines dans lesquels nous recherchons davantage de coopération est notre campagne de pression pacifique visant à amener la Corée du Nord à la table des négociations.
La Corée du Nord menace la communauté internationale tout entière par le biais de ses programmes nucléaires et balistiques illégaux et de ses activités de prolifération, y compris ses exportations d’armes vers l’Afrique. Cela n’implique pas uniquement nos alliés d’Europe ou d’Asie. Cela n’inclut pas uniquement des pays qui ont des liens de longue date avec la Corée du Nord, tels que la Chine et la Russie. Cela est et doit être un effort international.
Le mois dernier, lors de mon premier déplacement officiel en Amérique du Sud, je me suis exprimé franchement devant mes homologues quant à la manière dont ils peuvent prendre une part active à cette campagne de pression. Les pays d’Afrique doivent en faire davantage.
L’Angola et le Sénégal ont adopté des mesures dans le but d’exercer une certaine pression diplomatique et économique. Le gouvernement éthiopien également a publiquement exprimé son soutien. Mais de nombreux pays africains n’ont pas encore agi. Nous espérons qu’ils joindront leur voix à celle de la communauté internationale et mettront fin à leurs programmes diplomatiques, économiques ou d’armement avec le régime nord-coréen.
La sécurité sur le continent est la condition préalable pour une prospérité accrue. Une stabilité accrue attirera les échanges et les investissements des États-Unis dans les pays africains, ce qui mènera à davantage de développement, continuant ainsi sur la lancée de ce que nous avons réalisé par le biais de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, l’AGOA.
L’AGOA est la pierre angulaire de la politique commerciale des États-Unis en Afrique depuis près d’une vingtaine d’années. Avec l’AGOA, nous avons connu beaucoup de progrès. Les échanges totaux de biens -hors pétrole- ont plus que doublé, passant de 13 milliards de dollars à près de 30 milliards de dollars en un an. L’an dernier, les échanges commerciaux totaux avec les États-Unis sont montés en flèche pour atteindre 38,5 milliards de dollars, contre 33 milliards de dollars en 2016.
Nous sommes encouragés par les efforts de beaucoup de nos partenaires africains pour trouver des moyens d’élargir le commerce avec les États-Unis. Lors de sa visite aux États-Unis la semaine dernière, le président du Ghana, Akufo-Addo s’est adressé à l’Association nationale des gouverneurs. Il fut le premier président africain à le faire. Il a parlé de son souhait, le souhait de son peuple, de passer de la pauvreté à la prospérité en une génération. Les États-Unis veulent contribuer à soutenir les secteurs public et privé, que ce soit en Afrique ou ici même, pour en faire une réalité.
L’Afrique dispose encore de vastes ressources naturelles non exploitées. L’expertise du secteur privé des États-Unis peut faciliter le développement responsable de ces ressources, aidant à sortir davantage d’Africains de la pauvreté, leur donnant leur part de la valeur économique de ces ressources. Cependant, d’importantes infrastructures transcontinentales sont nécessaires pour soutenir le développement, encourager la croissance économique et stimuler les échanges inter-régionaux sur le continent.
Aujourd’hui, seulement près de 12 % des exportations africaines totales sont destinées à leurs pays voisins du continent. Si l’on compare ce nombre aux 25 % des pays de l’ASEAN et aux plus de 60 % en Europe, il devient évident qu’il existe un grand potentiel pour atteindre davantage de prospérité économique grâce aux échanges commerciaux sur le continent. À mesure que les pays africains réaliseront une plus grande intégration régionale en abaissant les barrières tarifaires et en améliorant les liens entre les transports, l’énergie et les infrastructures, de nouvelles opportunités s’offriront aux entreprises des États-Unis, aux investissements et aux échanges commerciaux transatlantiques.
D’ailleurs, l’importation de pratiques commerciales et d’expertises américaines constitue la meilleure combinaison pour l’avenir de l’Afrique : cela contribue à sa prospérité économique en dotant les pays africains de nouvelles capacités, dans un cadre ouvert et transparent. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons créer une nouvelle institution de financement du développement, ou IFD. Les IFD sont des banques gouvernementales spécialisées, conçues pour soutenir le développement du secteur privé et pour améliorer l’efficacité du développement. Nous travaillons avec le Congrès pour doter les États-Unis de la capacité de rivaliser avec les pays qui ont déjà recours à ces financements afin d’atteindre leurs objectifs dans le monde en développement.
Power Africa, un programme dirigé par l’USAID, est l’un des plus importants partenariats entre les secteurs public et privé de l’histoire du développement du continent. Créé il y a cinq ans, Power Africa a été mis en place pour donner aux pays africains accès à l’un des besoins les plus fondamentaux du développement : l’électricité. Aujourd’hui, des dizaines de millions d’Africains à travers l’Afrique subsaharienne ont accès à l’électricité en partie grâce aux engagements de plus de 140 partenaires du secteur privé. Notre objectif est de générer 30 000 mégawatts d’électricité d’ici 2030, soit 60 millions de nouvelles connexions, pour atteindre plus de 300 millions d’Africains connectés. La semaine dernière, l’administrateur Green a annoncé le lancement de Power Africa 2.0, afin d’élargir encore plus ces opportunités en matière d’énergie.
Les États-Unis se réjouissent de leur collaboration avec leurs partenaires africains pour la réduction des obstacles au commerce et à l’investissement, en aidant les pays africains à passer de la dépendance à l’autosuffisance, en créant une classe moyenne plus importante et en intégrant davantage les économies africaines à celles du reste du monde.
Afin de mieux préparer l’avenir et de réaliser le plein potentiel du continent, une main d’œuvre instruite et en bonne santé est nécessaire. Ceci est vrai partout dans le monde, mais cela devient un objectif encore plus urgent à atteindre, compte tenu de l’augmentation de la population jeune en Afrique.
L’Initiative des jeunes leaders africains (YALI) est l’un des moyens mis en place par le département d’État et l’USAID pour investir dans la prochaine génération de dirigeants africains. YALI offre une formation en leadership et en perfectionnement professionnel aux leaders africains émergents sur des sujets comme l’importance d’une presse libre, la manière de créer des institutions plus résilientes et même celle de démarrer une entreprise. Aujourd’hui, YALI compte plus de 500 000 membres et représentants de tous les pays subsahariens.
Grâce au Plan présidentiel d’aide d’urgence des États-Unis à la lutte contre le sida, plus connu sous le nom de PEPFAR, les États-Unis ont transformé la riposte mondiale face au VIH/sida. Plus que nulle part ailleurs, l’Afrique en est la preuve même.
Lorsque le PEPFAR a vu le jour il y a quinze ans, un diagnostic de VIH était synonyme de condamnation à mort. Dans les régions d’Afrique les plus touchées, la mortalité chez les nouveau-nés avait doublé, la mortalité infantile avait triplé et l’espérance de vie avait chuté de 20 ans. Un adulte sur trois était infecté par le VIH. Des millions d’orphelins étaient livrés à eux mêmes. Et seulement 50 000 personnes recevaient un traitement antiviral capable de changer leur pronostic vital. Aujourd’hui, le peuple américain, à travers le PEPFAR, a fourni des traitements permettant de sauver la vie de plus de 13,3 millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Le PEPFAR a permis à plus de 2,2 millions de bébés de naître sans être infectés par le virus et il continue de soutenir plus de 6,4 millions d’orphelins, d’enfants vulnérables ainsi que les personnes qui s’en occupent.
Cette administration s’est engagée à sauver des vies en Afrique. En septembre dernier, j’ai annoncé la stratégie du PEPFAR pour accélérer la lutte contre l’épidémie de VIH/sida pour 2017-2020. Cette stratégie est une feuille de route visant à maîtriser l’épidémie dans plus de 50 pays au cours des trois prochaines années. Elle trace la voie à suivre pour accélérer notre travail dans 12 pays africains où le VIH sévit tout particulièrement et qui sont sur le point de parvenir à maîtriser l’épidémie d’ici 2020. Un avenir sans VIH/sida est réellement envisageable. Il est juste à portée de main. Et il est essentiel pour l’avenir de l’Afrique.
Pour garantir la sécurité, les échanges commerciaux et les investissements, et pour s’assurer que le développement économique soit autosuffisant, il est essentiel que les institutions gouvernementales soient efficaces et responsables et qu’elles gagnent la confiance et le soutien du peuple. La paix et la prospérité ne sont possibles que dans une société démocratique. La liberté de la presse, la communication ouverte, la liberté religieuse et une société civile dynamique favorisent la créativité, les idées, l’énergie et la croissance économique. Aujourd’hui, l’Afrique a beaucoup à gagner en créant des institutions démocratiques plus fortes et plus transparentes qui reflètent la voix de ses citoyens, qui rejettent la corruption et qui protègent les droits de l’homme et en assurent la promotion.
L’Union africaine estime que l’Afrique a perdu des centaines de milliards de dollars en corruption – des centaines de milliards qui n’ont pas été investis dans l’éducation, ni dans les infrastructures, ni dans la sécurité. Les pots-de-vin et la corruption maintiennent les gens dans la pauvreté, encouragent les inégalités et sapent la confiance des citoyens dans leur gouvernement. Les investissements légitimes restent alors à l’écart et l’insécurité et l’instabilité grandissent, créant des conditions propices au terrorisme et aux conflits. Nous soutenons fermement le sommet de l’UA qui souligne et encourage les efforts entrepris pour « Remporter la lutte contre la corruption ». Nous espérons que le thème de cette année n’est que le début d’une attention plus soutenue et à long terme portée à la lutte contre la corruption.
À l’appui de ce thème, les États-Unis poursuivront leur travail avec les pays africains pour en renforcer les institutions démocratiques. Le mois dernier, le département d’État a demandé 137 millions de dollars au Congrès pour soutenir les programmes en matière de démocratie, de droits de l’homme et de gouvernance, afin de créer des institutions plus transparentes et moins corrompues qui préfèrent les consensus aux conflits.
La démocratie nécessite des passations de pouvoir à travers des élections libres et équitables. Elle repose également sur une société civile active et sur une presse indépendante qui aide les citoyens à rester informés et qui leur permette de rester connectés à leur gouvernement. L’année dernière, les États-Unis ont aidé à soutenir des élections justes et pacifiques au Libéria, un pays qui n’avait pas connu de passation de pouvoir pacifique depuis des décennies. Cette aide comportait des programmes d’éducation civique et électorale, avec un accent mis sur la jeunesse, les femmes et d’autres électeurs qui votaient pour la première fois et difficiles à atteindre, ainsi qu’un travail avec les médias pour promouvoir une couverture responsable des élections.
Le Fonds d’initiative pour la transparence fiscale, quant à lui, aide les gouvernements à créer des budgets plus transparents et plus accessibles au public ; il donne également à la société civile les moyens de plaider en faveur de domaines d’amélioration. Les États-Unis travaillent actuellement sur 31 projets dans toute l’Afrique – ils s’apprêtent par ailleurs à en attribuer 9 autres. Ce fonds d’initiative a aidé le Kenya, le Tchad et le Malawi à développer des mesures de lutte contre les pots-de-vin et à mieux servir leur peuple.
Nous gardons également à l’esprit les initiatives de bonne gouvernance en matière de développement. En tant que secrétaire d’État, je suis président de la Millennium Challenge Corporation, ou MCC. Grâce à cette agence, dont l’objectif est la réduction de la pauvreté, les États Unis sont en mesure d’encourager la bonne gouvernance – y compris une plus grande transparence – en l’associant à l’aide au développement. Environ 60 % de ses fonds sont destinés à l’Afrique. En novembre dernier, nous avons signé un accord de 524 millions de dollars avec la Côte d’Ivoire pour l’amélioration de ses secteurs de l’éducation et des transports. Cela n’a pu avoir lieu qu’une fois que le pays avait mis en œuvre des politiques visant à renforcer la liberté économique, les principes démocratiques, les droits de l’homme et la lutte contre la corruption – autant d’initiatives qui ont permis de déclencher des réformes avant même que l’argent des contribuables américains ne soit dépensé.
C’est un modèle de développement américain qui a fait ses preuves.
Les États-Unis poursuivent une croissance durable qui permette de consolider les institutions des pays africains, d’en renforcer l’état de droit et de leur donner la capacité d’assurer leur autonomie. Nous nous associons aux pays africains en les encourageant à adopter les principes de bonne gouvernance pour atteindre leurs objectifs de sécurité et de développement à long terme.
Cette approche contraste fortement avec celle de la Chine, qui encourage la dépendance en s’appuyant sur des contrats opaques, des pratiques de prêt prédatrices et des accords corrompus qui poussent les nations à s’embourber dans l’endettement et qui nuisent à leur souveraineté, ne leur permettant pas d’atteindre une croissance autosuffisante ni à long terme. Les investissements chinois ont le potentiel de combler le déficit en infrastructures de l’Afrique, mais leur approche a conduit à une dette croissante et n’a créé que très peu d’emplois dans la plupart des pays. Associée à des pressions politiques et fiscales, cette approche met en péril les ressources naturelles de l’Afrique et sa stabilité économique et politique à long terme.
Nous nous félicitons de la participation d’autres pays au développement de l’Afrique. C’est là la nature même du libre marché : une concurrence menant à davantage d’opportunités. Mais nous souhaitons un développement responsable et des pratiques transparentes de libre marché qui favorisent une plus grande stabilité politique sur le continent. Nous espérons que la Chine se joindra à nous dans cet effort.
Les États-Unis voient en Afrique un avenir radieux. Nous avons l’opportunité d’accompagner l’Afrique sur son chemin vers un avenir stable et prospère qui bénéficie à sa population. Chacune de ces priorités – que ce soit les échanges commerciaux et les investissements, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, la lutte contre le terrorisme ou l’instabilité – répond au même principe directeur : aider les pays africains à renforcer leurs capacités à prendre soin de leur population.
Il n’existe pas de solutions rapides à ces défis. Mais les États-Unis se sont engagés à y faire face en partenariat avec les nations d’Afrique, afin que le continent puisse devenir de plus en plus un lieu de prospérité et de liberté au 21e siècle. Merci de votre temps, et merci de votre attention.