Allocution à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU

L’ambassadrice Nikki Haley
Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations unies
Mission des États-Unis auprès des Nations unies
Le 14 avril 2018, New York

Je vous remercie, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, pour votre exposé d’aujourd’hui. Cette réunion du Conseil de sécurité est la cinquième réunion de cette dernière semaine qui concerne la situation en Syrie. Nous en avons parlé pendant toute la semaine qui s’est écoulée. Nous avons parlé des victimes de Douma. Nous avons parlé du régime Assad et de ses protecteurs, la Russie et l’Iran. Nous avons passé une semaine à parler de l’horreur sans pareille que sont les armes chimiques. La nuit dernière a marqué la fin des discussions.

Nous sommes ici aujourd’hui en raison de l’intervention de trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Le Royaume-Uni, la France et les États-Unis sont intervenus – il ne s’agissait ni d’une revanche, ni d’une punition, ni d’une démonstration de force symbolique. Nous sommes intervenus pour dissuader un usage futur d’armes chimiques en faisant rendre compte au régime syrien des atrocités qu’il a commises contre l’humanité.

Nous voyons qu’une campagne de désinformation russe bat son plein ce matin. Toutefois, les tentatives désespérées de la Russie pour détourner l’attention ne peuvent changer les faits. De nombreuses informations indiquent que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à Douma le 7 avril. Des informations claires et nettes démontrent la culpabilité d’Assad.

Les photos d’enfants morts ne sont pas de faux reportages. Elles sont l’aboutissement de la barbarie inhumaine du régime syrien. Elles sont aussi la conséquence du manquement du régime et de la Russie à leurs engagements internationaux d’éliminer toutes les armes chimiques de la Syrie. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont agi après avoir soigneusement évalué ces faits.

Les cibles choisies étaient au cœur du programme illégal d’armes chimiques du régime syrien. Les frappes ont été planifiées avec soin pour minimiser les pertes civiles. Nos ripostes ont été justifiées, légitimes et proportionnelles. Les États-Unis et leurs alliés ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour se débarrasser de l’arsenal d’armes chimiques d’Assad par des moyens diplomatiques.

Nous ne nous sommes pas contentés d’accorder une seule chance à la diplomatie. Nous lui en avons données tant et plus. Six fois : c’est là le nombre de fois que la Russie a apposé son véto aux résolutions du Conseil de sécurité visant à résoudre la question des armes chimiques en Syrie. Nos efforts remontent encore plus loin. En 2013, le Conseil de sécurité a adopté une résolution qui exigeait que le régime d’Assad détruise ses stocks d’armes chimiques.

La Syrie s’est engagée à respecter la Convention sur les armes chimiques, ce qui signifiait qu’elle ne pouvait plus détenir d’armes chimiques sur son territoire.

Le président Poutine a affirmé que la Russie veillerait à ce que la Syrie s’y conforme. Nous espérions que ces efforts diplomatiques réussiraient à mettre fin à l’horreur des attaques chimiques en Syrie. Mais, comme nous l’avons vu cette dernière année, cela n’a pas été le cas.

Alors que la Russie s’attelait à la protection de son régime, Assad l’a remarqué. Le régime savait qu’il pourrait agir en toute impunité, et il l’a fait.

En novembre, la Russie a usé de son véto pour donner le coup de grâce au mécanisme d’enquête conjoint, notre principal outil pour déterminer qui utilisait des armes chimiques en Syrie. Au moment où la Russie faisait usage de son véto, le régime d’Assad utilisait du gaz sarin, causant des douzaines de blessures et de morts.

Le véto de la Russie a été, pour le régime Assad, le feu vert qui lui a permis d’utiliser ces armes d’une barbarie extrême contre le peuple syrien, en violation totale du droit international. Les États-Unis et leurs alliés n’allaient pas permettre cela. Les armes chimiques constituent une menace pour nous tous. Il s’agit d’une menace unique, d’un type d’arme si malfaisant que l’ensemble de la communauté internationale s’accorde à dire qu’il faut le bannir.

Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et permettre à la Russie de saccager toutes les normes internationales qui nous sont chères, ni permettre que l’utilisation d’armes chimiques ne donne lieu à aucune riposte. Tout comme l’usage d’armes chimiques par le régime syrien le week-end dernier n’a pas été un incident isolé, notre riposte fait partie d’une nouvelle ligne de conduite établie l’an dernier pour dissuader l’usage futur d’armes chimiques.

Notre stratégie en Syrie n’a pas changé. Cependant, le régime syrien nous a forcé à agir face à son usage répété d’armes chimiques. Depuis l’attaque chimique d’avril 2017 à Khan Sheikhoun, les États-Unis ont imposé des centaines de sanctions à des particuliers et entités impliqués dans l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et en Corée du Nord. Nous avons désigné des entités en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique qui ont facilité la prolifération des armes chimiques. Nous avons révoqué les visas d’agents du renseignement russes en réponse à l’attaque chimique à Salisbury. Nous continuons à chercher et à dénoncer tous ceux qui utilisent – et tous ceux qui facilitent l’utilisation – des armes chimiques.

L’intervention militaire d’hier a lancé un message clair et net. Les États-Unis d’Amérique ne permettront pas au régime d’Assad de continuer à recourir à des armes chimiques. La nuit dernière, nous avons anéanti un centre de recherche qu’il utilisait pour assembler des armes meurtrières. J’ai parlé au président ce matin, et il a dit que si le régime utilisait à nouveau ce gaz toxique, les États-Unis seraient prêts à frapper. Quand notre président trace une ligne rouge, il la respecte.

Les États-Unis sont profondément reconnaissants envers le Royaume-Uni et la France pour avoir pris part à la coalition pour défendre l’interdiction des armes chimiques. Nous avons étroitement collaboré, d’un commun accord. La nuit dernière, nos plus grands amis et indispensables alliés ont assumé un grand fardeau pour le bien de tous. Le monde civilisé leur doit sa reconnaissance. Dans les semaines et les mois à venir, le Conseil de sécurité devrait prendre le temps de réfléchir à son rôle dans la défense de la primauté du droit international.

Le Conseil de sécurité a manqué à son devoir de faire rendre des comptes à ceux qui utilisent des armes chimiques. Ce manquement à ses obligations est en grande partie imputable à l’obstruction de la Russie. Nous appelons la Russie à sérieusement réévaluer ses alliances, à s’acquitter de ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil et à défendre les principes que les Nations unies sont censées promouvoir.

La nuit dernière, nous avons réussi à frapper le cœur de l’entreprise de fabrication d’armes chimiques de la Syrie, et nous sommes dès lors convaincus que nous avons paralysé son programme d’armes chimiques.

Nous sommes prêts à maintenir cette pression si le régime syrien est assez insensé pour nous défier.

Merci.