Allocution à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le G5 Sahel

Mission des États-Unis auprès des Nations unies
Ambassadeur Jonathan Cohen
Représentant permanent adjoint des États-Unis auprès des Nations unies
Le 16 mai 2019

Merci Monsieur le président.  Et merci aux intervenants d’aujourd’hui. Et bienvenue à Monsieur le ministre des Affaires étrangères Barry.

Monsieur le président, les six derniers mois au Sahel ont été préoccupants. La situation sécuritaire ne cesse de se détériorer. Des éléments radicaux ont élevé la violence intercommunautaire à un niveau record. Le massacre d’Ogossagou laisse présager une épidémie potentielle de violence intercommunautaire dans toute la région. Simultanément, les groupes terroristes et les organisations criminelles continuent de prospérer, se déplacent d’un pays à l’autre, attaquent les communautés civiles, ainsi que le gouvernement et les forces de sécurité internationales.

Cette insécurité affecte l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Le sauvetage héroïque de quatre civils enlevés la semaine dernière, au cours duquel les deux soldats français ont trouvé la mort, nous rappelle tous du danger. Les États-Unis rendent hommage aux deux soldats français tombés au combat et à leurs familles, pour leur perte et leur grand sacrifice.

Monsieur le président, les forces internationales et de maintien de la paix ne résoudront pas à elles seules la crise sécuritaire dans la région. C’est pourquoi il est essentiel de travailler à l’objectif à long terme de rendre pleinement opérationnelle la Force conjointe du G5 Sahel. Les États-Unis en sont conscients et ont engagé jusqu’à présent environ 111 millions de dollars dans les pays du G5 Sahel pour combler les carences en capacités par le biais d’équipements, de formations et de conseils. Monsieur le président, nous sommes encouragés par la reprise des opérations de la Force commune et reconnaissons les sacrifices consentis par les États membres pour veiller à la stabilité de la région. Nous appelons la Force conjointe et les États membres à continuer à prendre les mesures nécessaires pour devenir pleinement opérationnels, notamment en adhérant au cadre de conformité en vue de la prévention, l’investigation, la réponse aux violations du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire, et de leur dénonciation publique.

Les États-Unis restent convaincus que l’aide bilatérale reste le meilleur moyen de soutenir la Force et regrettent que d’autres membres du Conseil et extérieurs continuent à demander une autorisation en vertu du Chapitre VII et un financement par les contributions statutaires de l’ONU pour la Force conjointe. Comme je l’ai indiqué dans mon intervention de novembre dernier et comme les États-Unis l’ont répété à maintes reprises, une autorisation en vertu du Chapitre VII n’est pas nécessaire pour accomplir la mission de la Force conjointe, car les États du G5 Sahel ont déjà des accords en vigueur pour des opérations militaires sur leurs territoires respectifs.

Nous regrettons que, comme le signale le récent rapport du secrétaire général, les forces conjointes du G5 au Mali ne tirent pas suffisamment profit de l’accord technique conclu avec la MINUSMA et l’UE. Nous appelons la Force conjointe, le gouvernement malien et ses partenaires à trouver des moyens d’aider la Force à exploiter plus efficacement cette opportunité. Certains de nos intervenants et collègues du Conseil ont exprimé le souhait d’explorer les moyens potentiels de fournir à la Force conjointe une assistance remboursable en dehors du Mali. J’exhorte nos collègues à se souvenir que, dans la résolution 2391, le Conseil de sécurité a encouragé le fait que l’accord technique constitue une mesure temporaire visant à assurer la pleine autosuffisance de la Force conjointe.

En outre, le Conseil a souligné que toute facilitation de l’assistance dans le cadre de l’accord technique ne doit pas modifier, ou nuire aux opérations propres de la MINUSMA, ni compromettre de manière excessive la sécurité de son personnel. Les États-Unis estiment que la communauté internationale doit concentrer son soutien collectif sur la Force conjointe du G5 Sahel en tant que réponse à l’instabilité régionale dirigée et prise en charge par l’Afrique.

Monsieur le président, le caractère critique de la situation en matière de sécurité oblige la communauté internationale à cibler ses efforts collectifs au Sahel d’une manière intelligente, délibérée et collaborative. Comme l’ont fait remarquer d’autres personnes, cela suppose que la région et ses partenaires continuent à ne pas se limiter à la recherche de réponses purement sécuritaires, et à s’attaquer aux causes profondes des conflits, par le biais d’une aide coordonnée dans les domaines humanitaire, sanitaire, agricole, de la gouvernance et du développement. Comme je l’ai déjà dit, grâce à notre coordination efficace avec les acteurs de la sécurité et du développement dans la région, et au leadership de l’Union africaine et de la CEDEAO dans le cadre de la résolution des conflits régionaux et locaux, des améliorations significatives de la sécurité sont possibles.

Monsieur le président, la pérennité de ces améliorations dépendra des progrès des États du G5 Sahel sur la voie d’une gouvernance efficace, de l’accès aux opportunités, du respect des droits de l’homme, de la responsabilité et de l’inclusion. Il sera également crucial de veiller à une participation accrue à la prise de décision des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés. L’association de ces efforts peut permettre d’aboutir à une paix et une stabilité durables et de libérer le potentiel de cette région vitale et de sa population.

Je vous remercie pour votre attention.