Allocution à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU au sujet de l’Afrique centrale

Mission des États-Unis auprès des Nations unies
Service de presse et de diplomatie publique
M. l’ambassadeur Jonathan Cohen, représentant permanent adjoint des États-Unis auprès des Nations unies
Le 13 décembre 2018

Merci, Monsieur le président.

M. le représentant spécial Fall, M. le directeur Ghelani, merci de vos présentations. Vos travaux sont essentiels à une région qui fait face à un éventail de défis politiques, économiques et sociaux, particulièrement au Cameroun, pays sur lequel je vais m’attarder.

Les conditions sécuritaires et humanitaires dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun se sont considérablement détériorées depuis le dernier briefing de ce Conseil par l’UNOCA en juin L’escalade de la violence se poursuit, empêchant la fourniture d’aide humanitaire vitale à plus de 430 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et bloquant les services de santé et d’éducation pour les enfants des zones rurales.

M. le président, octobre a été le mois le plus violent jamais enregistré au Cameroun ces dernières années et, au vu de rapports anecdotiques, nous craignons que le mois de novembre surpasse le mois d’octobre en montant au premier rang des mois les plus sanglants. Nous ne voulons pas que cette horrible tendance se poursuive encore en ce mois de décembre. La violence doit immédiatement cesser.

La violence entre les pouvoirs publics et les séparatistes anglophones ont mené à des meurtres et des enlèvements de civils, dont un missionnaire américain tué le 30 octobre. Face à cette insécurité croissante, des dizaines de milliers de Camerounais ont fui vers le Nigeria voisin, comme nous l’avons entendu dire, alors que des centaines de milliers d’autres sont déplacées à l’intérieur du pays et nécessitent une aide humanitaire.

Les enjeux au Cameroun sont trop importants pour que cette crise se poursuive sans être prise en charge. Le Cameroun reste un partenaire sécuritaire essentiel dans la lutte contre Boko Haram et Daech Afrique de l’Ouest, y compris en sa qualité de membre de la Force multinationale mixte. Cette crise continue menace de nous distraire de nos objectifs sécuritaires mutuels dans le Bassin du lac Tchad.

M. le président, les États-Unis appellent à un dialogue de réconciliation immédiat et global, sans conditions préalables, entre les autorités camerounaises et les séparatistes des régions du nord-ouest et du sud-ouest. Nous encourageons vivement toutes les parties à renoncer à la violence, à rétablir la paix et à résoudre leurs doléances par le biais d’un dialogue politique.

Nous notons le fait que l’allocution d’investiture du président Biya du 6 novembre exprimait la confiance quant au fait qu’ « une issue honorable existe dans l’intérêt de tout un chacun ». Nous encourageons le président Biya à tenir son engagement en faveur de l’accélération du processus de décentralisation et de l’adoption des recommandations de la Commission camerounaise pour le bilinguisme et le multiculturalisme.

La création d’un centre de coordination de l’assistance humanitaire géré par l’État constitue un développement prometteur. Cependant, les pouvoirs publics ont peu fait pour prendre en charge les préoccupations concernant son manque de respect pour les principes humanitaires de neutralité et d’impartialité et les garanties d’accès sans entraves aux populations touchées par les conflits. Nous encourageons vivement les autorités camerounaises à faire du respect des principes humanitaires une priorité et d’assurer un accès sans entrave aux agences de l’ONU et aux ONG humanitaires qui aident les populations touchées par le conflit.

M. le président, les États-Unis sont convaincus que l’UNOCA, par le biais des bons offices du représentant spécial Fall, pourrait apporter une assistance technique et un soutien en médiation pour faciliter un dialogue de réconciliation global sans conditions préalables. Nous espérons que la CEEAC, le Conseil de paix et de sécurité et la Commission de l’Union africaine redoubleront d’efforts pour soutenir le processus de paix et nous les encourageons à coordonner leurs efforts avec ceux de l’UNOCA.

Un Cameroun en paix et stable est essentiel à la stabilité régionale en Afrique centrale, il mérite et exige l’attention continue et rapprochée de ce Conseil. Comme le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines l’a noté la semaine dernière, la dernière chose que nous souhaitons voir, compte tenu des défis de la région, est une intervention disproportionnée des forces de sécurité qui se traduirait par une radicalisation accrue et un durcissement des groupes séparatistes.

M. le président, lors de la dernière déclaration du président en août, le Conseil de sécurité a appelé à un examen stratégique du mandat de l’UNOCA d’ici au 1er août 2019. Nous nous réjouissons de tenir d’autres discussions dans les mois qui viennent afin de nous assurer que le mandat de l’UNOCA se concentre sur les défis politiques les plus pressants dans la région d’Afrique centrale, et qu’il est bien coordonné avec les 4 missions de l’ONU en opération dans la même zone géographique, pour assurer que nos efforts aient l’impact maximal et la meilleure efficience possible.

Merci, M. le président